L'histoire !

Le 05 février 2005

LA PRÉHISTOIRE : 1973 à 1983

Mes 10 premières années d'entrainement ont été une véritable quête du Graal. Comme beaucoup j'ai commencé la afin de prendre quelques kilos de muscles. Pour un peu plus que 170cm je pesais 57kgs. Inutile de te dire qu'en judo et boxe française je servais essentiellement de punching ball. Ma première année d'inscription à la FAC de Strasbourg je l'ai passée au dojo, à la salle de boxe et de . J'avais les clés du gymnase...

Mais bon, il faut s'imaginer la salle de muscul, ambiance Rocky comme celle que je fréquentais au centre ville qui venait juste de s'équiper en machines Universal c'était le top ! Il y avait les anciens des monstres qui ne juraient que par la barre olympique et la fonte. Ils prenaient toute la place, sentaient fort, transpiraient en mouillant leur "marcel" et moi les yeux équarquillés j'essayais de copier leur ballet incompréhensible. Je venais tous les jours, plusieurs heures et je les observais en tentant de faire ce que j'avais vu la veille. Il n'était pas question de les déranger. Au bout de quelques jours un gars pas plus épais que moi m'adresse la parole et m'inonde de conseils. Je suis resté bouche bée...

J'ai tout de même compris qu'il me fallait d'urgence trouver des renseignements fiables. Des écrits sur lesquels j'allais pouvoir établir mon entrainement. La déception a été grande, il n'y avait rien, sauf des livres désuets qui me parlaient d'un autre monde et je n'avais pas envie de faire un tour dans le passé. Les autres sports avaient tous leur bible ou quelque chose qui lui ressemblait. Pour n'en citer qu'un le karaté avec les livres cultes de Roland Haberzetser. Mais rien en , des revues Santé et Sport, Pleine Forme et d'autres, déjà sans queue ni tête...

Alors ? J'ai ramé, ramé, autant que j'ai pu et au fur et à mesure des années je suis passé d'un tour de salle désordonné à quelque chose de plus structuré. Je communiquais avec les anciens qui paraissaient moins gros et me voyaient transpirer autant qu'eux. Ce sont eux qui m'ont transmis les premiers rudiments nécessaires à la croissance musculaire. Merci Jean-Pierre, merci Bill et tous les autres, merci de m'avoir fait comprendre que l'on a rien sans rien. Merci de m'avoir fait réciter mille et mille fois le "No pain, no gain".

A suivre...

Moi-même je n'aime pas lire sauf tout ce qui concerne la musculation !
Mais tout de même au fil des années je me suis rendu compte que de passer de la pratique à la théorie et de la théorie à la pratique, cela avait du bon. Même que c'est surement la meilleure façon de progresser et quoique je préfère me bousculer dans la pratique, la vie m'a amené à me remettre en question en potassant la théorie. Dans mes années préhistoriques j'ai par passion autant que par nécessité pratique choisi d'enseigner. Me voilà instit' mais pas normal, spécialisé, celui qui apprend à ceux n'ont pas réussi à s'adapter au moule. J'enseigne 5 ans en prison, une sacré expérience ! Une prison modèle avec une salle de muscul. Deux séances par semaine que je dirige. En même temps je suis une formation que me donne l'équivalence d'une maîtrise...


LE MOYEN-ÂGE : 1983 à 1989

CHAPITRE I

J'ai beaucoup de temps de libre que je consacre à mon entrainement de musculation et à mon club de boxe française. C'est là que je croise un jeune de 23 ans qui me demande :
Attention, je fais dans le dialogue maintenant...
- Tu fais de la muscul ?
- Oui pourquoi ? lui répondis-je fier comme un bar tabac !
- J'aimerai en faire me répliqua-t-il

Je l'observe et mes sourcils frémissent à la Magnum (pas la glace, Tom Selleck) mince mais il est baraqué ce blanc bec. Ma taille pour 75kgs de pur muscle !
- Tu en fais où ? lui demandais-je soupçonneux.
- Je n'en ai jamais fait mais j'aimerai...

Me voilà passé maître, d'autant que je venais d'équiper 50 m² de ma cave d'un super matos allemand. Made in Germany, c'est pour vous dire la grosseur des appareils. Développé couché olympique, incliné, assis, rack squat, barre olympique, tirage poulie haut et bas pour le dos, etc. Une salle quoi, chez moi ! La tête de ma mère quand elle a vu ça et celle de mon père qui ne supportait pas de voir mes veines gonfler lorsque je m'entrainais. Mes tous les deux étaient d'accord pour me demander quand est-ce que j'arrêterai de jouer. C'est vrai, avec deux enfants de 3 et 4 ans, je ne m'étais toujours pas calmé.

Bon, donc première séance pour mon élève et je lui impose illico une épreuve de force à la recherche de son maxi. Vous sentez le piège et l'idiot du village qui pointe le bout de son nez ?

Développé couché
Je passe 80kgs ! Phénoménal, du jamais vu pour moi. Comme quoi la motivation même pour frimer ça a du bon. Le problème c'est que mon débutant j'ai dû l'arrêter à 110kgs. Pouf, pouf, je me dégonfle, écœuré, comment est-ce possible ? Une force de la nature et une claque en pleine tronche...

Yvon, c'est lui le monstre, a été mon partenaire d'entrainement durant les dix années suivantes. Il était toujours à la recherche d'une nouvelle technique, à l'affut de toutes les routines made in USA et ensemble nous avons tout fait, des trapèzes de Bertil Fox au dos de Lee Haney en passant par les abdos de Lee Labrada, sans oublier les épaules de Berry Demey, les cuisses de Tom Platz, les pecs de Rich Gaspari et les bras de tous les autres. Même du Bullwoker !

Nous avons noté scrupuleusement nos performances, tenu un cahier d'entrainement, pris nos mensurations et à chaque Noël nous nous jurions que l'année d'après nous allions tout faire pour dépasser les 40cm de tour de bras. Comme l'entrainement ne suffisait pas pour atteindre notre objectif, nous avons étudié la diétéique sportive et passé notre tronc commun.

Mon dieu cette diététique... Fini les croissant, les frites, les glaces et autres délices. Au pain complet et à l'eau protéinée. Vous vous imaginez la protéine, il y a plus de vingt ans ? D'autant plus qu'on avait trouvé de la INKO et pas chère à Star Gym, la salle mythique de Strasbourg, vendue par Jurgen le patron qui avait oublié de nous dire qu'elle était périmée depuis un an ! On s'est descendu chacun 5 kilos de prot 80...

A suivre...

J'ai toujours plus de temps de libre 20H d'enseignement par semaine dont 4H de sport (musculation, volley, football, tennis de table) mais je passe beaucoup de temps au FITNESS Center la salle de ma petite ville, ouverte il y a quelques mois. J'ai gagné 45kms de déplacement mais je m'investis beaucoup trop dans cette salle. Mes 67kgs de type Bruce LEE (morphologie à la mode à cette époque) pour 172cm y sont pour beaucoup. Les femmes me monterent en exemple et les hommes ne me jalousent pas trop : "Yves tu es bien comme cela, mais pas plus !" Le responsable du club un ancien haltérophile champion de France junior en catégorie -57kgs passe son temps à secouer ses boucles blondes au bar ou au sauna. Rapidement il me délègue sa fonction d'entraineur et comme à mon habitude je prends mon rôle au sérieux. Je compose des programmes sur une année avec des évolutions tous les mois, un pour les femmes et un pour les hommes.
Dans la salle de cours collectifs, je monte une section Boxe Française que j'anime 3 séances par semaine. Mes cours se font en musique et en couleurs.

LE MOYEN-ÂGE : 1983 à 1989

CHAPITRE II

Je continue mes entrainements underground avec Yvon et notre diététique passe du nourrisson à l'adolescent attardé. C'est la folle époque de la découverte de nouveaux produits miracles. Les Acides Aminés essentiels, Branchés, des Pack Energie, Anabolic, Booster, etc. et les articles des revues qui jurent par tous les saints que ce sont plus que des produits placebos mais qu'il faut savoir les prendre.
Celle des doutes lorsque les mois passent et qu'on s'étouffe à force d'avaler des comprimés de plus en plus gros. Une pharmacie à Strasbourg qui vend des protéines une marque qui sponsorise un champion de France de la région Alain WEBER la super ligne avec de la masse, notre idole ! On peut même demander à mettre sous gélules tous les L possibles. De la L-Arginine que nous buvons à en vomir, par litres entiers. Jusqu'au jour où, le miracle tant attendu se produit.

LES ACIDES AMINES ou la phase gore.

Je ne sais plus d'où est venu la potion magique mais je me souviens du soir où Yvon, magazine en main, me lit un article qui dit que les acides aminés avalés cela ne sert à rien. Une histoire de sucs gastriques que ne supportent pas les AA. Mince alors ! Cela fait quelques mois que nous stockions comme en temps de guerre des boites et des boites de Twinlab souvent introuvables sur le marché. C'était surement un truc à Jean TEXIER le géo trouve tout de la musculation.

Je suis atterré mais heureusement il existe une solution : la voie directe ! C'est quoi ça ? Des injections intra-musculaires d'acides aminés liquide... J'en étais sur cela ne pouvait pas être simple mais explications scientifiques et références de recherches à l'appui, il n'y avait pas de doute possible !
La semaine suivante nous étions équipés, seringues, aiguilles et 2 flacons d'1L d'acides aminés liquide. Nous avions envoyé nos femmes chercher le tout. Non, nous avions pas peur mais nous sortions juste de la honte du jeune coq qui discrètement demande à la pharmacienne :
- J'aimerai des préservatifs...
Ce à quoi la brave dame répond :
- Combien ? 12, 24, 36 ?

Nous voilà devant notre expérience scientifique de haut niveau. Il faut s'injecter 1ml dans les petits muscles et 2 dans les grands. Nous révisons notre anatomie et décidons d'injecter dans les bras et épaules tout d'abord : 1ml dans chaque partie du biceps, 1ml dans chaque partie du triceps et idem les épaules. Après quelques frayeurs, suées et gouttes de sang, nous voilà gonflés à bloc avec des boules proéminantes par endroits. L'entrainement qui devait suivre est annulé, nous ne pouvons plus contracter correctement nos muscles et nous avions suffisamment transpiré. Donc à refaire mais après l'entrainement.

Au bout de quelques semaines, je ressemblai à une cible de fléchettes. De plus comme le liquide ne tient pas plus de 5 jours nous décidons de doubler les doses et toutes les semaines nous faisons deux fois le corps entier, avec les mollets (AÏE) ! Chaque jour à son lot de muscles nourris d'acides aminés au coeur des fibres. Nous voilà partis dans un programme planifié à la quête de la progression musculaire.
Quand est-ce que nous avons arrêté ces conneries ? Je ne me souviens plus mais moi plus entêté que Yvon, j'ai prolongé le rêve le plus longtemps possible avant de jeter les dernières seringues à la poubelle. J'aimerai pouvoir dire que cela me faisait du bien puisque j'étais obligé de constater que pour la prise musculaire il n'y avait pas de changement mais avec le recul et comme il y a prescription j'avoue que c'était une stupidité de plus à ajouter à l'édifice des théories fumantes dévoilées dans le milieu du bodybuilding.

A suivre...

Je ne sais plus comment cela a commencé mais je sais pourquoi.
Cela fait maintenant une quinzaine d'année que le sport a pris une telle place dans ma vie et je ne vis plus que pour et par la musculation. 24 heures sur 24 je ne pense qu'au bodybuilding. J'ai planifié mon entrainement, ma nourriture, mon mental et même... Oui même cela !
J'ai été président d'un club de karaté, moniteur de boxe française, j'ai ouvert un club de boxe, organisé un mini triathlon, des galas et championnats régionaux de boxe française et tout d'un coup j'en ai eu marre ! Marre de voir que dans toutes les salles de musculation que je fréquentais les pratiquants s'entrainaient n'importe comment. Le seul souci du patron étant d'encaisser le chèque d'adhésion et après la première séance gratuite les clients étaient livrés à eux-même. Je rêvais d'un club multisport où différentes disciplines permettraient à chacun de s'épanouir... Un peu givré ou sont-ce le résultat des poussées d'adrénalines devenues un peu trop fréquentes ?

CHAPITRE III

Début 1987 je décide d'ouvrir ma propre salle. A partir de là tout est allé vite, trop vite et j'ai raté quelques marches. Une ville de 10 000 habitants avec autant dans un rayon de 10kms. L'enjeu était de taille à cette époque mais mon objectif était clair je voulais ce qu'il y avait de mieux. Achat d'un bâtiment de 800m² sur 4 étages. 200m² pour la salle de musculation autant en miroirs du matériel Technogym, bancs et barres olympiques, 200m² pour les sports de combats avec ring, 150m² pour les danses avec barres au mur et 400m² de miroirs, activités fitness et relaxations avec sono et jeu de lumières. Chaque vestiaire avait son sauna Tylö avec douches adaptées, bien-sûr un solarium haute pression une innovation !

J'ai tout monté moi-même, j'exagère bien-sûr et je remercie Yvon pour son aide, le grand Israël qui montait les plaques de placo par deux au 4° et tous les autres que j'oublie... Mais pas les entreprises qui m'ont entubé et n'ont pas respecté les délais. En trois mois il a fallut enlever tous les murs intérieurs des tonnes de gravats, poser 750m² de cloisons, 600m² de sols et 400m² de faux plafonds adaptés. Je dormai dans la laine de verre, mangeai du plâtre et j'ai passé la dernière couche de peinture quelques heures avant l'ouverture. Me voilà à nouveau avec mes 67kgs ! Mais patron du plus beau centre de sports du monde : ATHLETIC GYM à Saverne.

Cela aurait pu être la plus belle période de ma vie mais dans ma frénésie du bien faire j'avais mis toutes mes économies dans le projet, emprunté près de 2 Millions de francs et mis ma maison en hypothèque. Pour couronner le tout j'ai démissionné de l'Education Nationale afin de me consacrer entièrement au développement de ma société.
On est fin septembre et je n'ai pas le temps de réfléchir, je fonce dans toutes les directions, d'autant plus que les adhérents affluent et que rapidement je suis débordé. La journée de dix heures d'ouverture ne suffit pas à règler tous les problèmes d'intendance et je profite dès 7 heures du matin jusqu'à 9 heures pour faire le ménage et le point dans ma tête. J'ai le temps sur 600m² de sols à aspirer, balayer, serpiller, des vestiaires, douches, wc à récurer et faire briller. Je n'aurai jamais besoin de faire de séance d'aérobie à ce régime là.

3 profs de boxe française, thaï et américaine, 3 profs de danse classique et modern'jazz, 2 profs d'aérobic et moi ! Le mot d'ordre pour toute l'équipe est le sport rend libre et je deviens rapidement un tyran du travail obligatoire pour une rentabilité maximum. Le mois suivant le club a droit à une annonce avec photo dans Muscles & Fitness, je demande à tous les profs une participation plus soutenue pour obtenir une synergie qui devrait propulser le club au firmament. Moi-même j'annonce ma participation au concours de Bodybuilding à Sarrebourg pour la fin du mois de novembre.

La Bérézina

Je devais montrer l'exemple et je me préparais à fond pour cette compétition. Il était grand temps d'ailleurs que je mette en pratique tout mon savoir presque universel. Un peu moins de deux mois pour me préparer cela devrait me suffire. Ma force a décuplé à l'entrainement, je n'ai fait aucun écart à mon régime. Mon seul souci, c'était les poses imposées et surtout le posing libre. Je me retrouvai donc tous les soirs avec deux autres candidats au concours devant les miroirs. Ils avaient déjà fait une ou deux compétitions mais l'un était plus préoccupé par ses bras alors que l'autre ne voyait que ses cuisses, pendant que moi, je ne voyais pas grand chose ! Le doute commençait à s'installer mais je ne pouvais plus reculer.

La préparation.
Je me trouve une musique genre BOUM ! BOUM ! BOUM ! et je me lance dans une chorégraphie de gestes désordonnés auxquels je veux donner un sens. Yvon lui, essaie de me faire comprendre que j'ai l'air d'un pantin désarticulé, je ne l'écoute plus depuis que je suis entré dans le royaume des dieux du Bodybuilding. Mais dans un dernier sursaut de lucidité je me concentre sur les poses imposées. Samedi prochain c'est le grand jour et je n'ai toujours pas trouvé de tan ni de maillot de bain. Lucien vient de nous abandonner à quelques jours du concours ! Il n'est pas prêt et pourtant c'est le plus balaise de nous trois...

Le jour J.
Depuis la fin de la matinée, Charles et moi, nous sommes recouverts d'une couche de brou de noix étalée au pinceau et à l'éponge. Il y en a partout et il ne faut pas transpirer pour ne pas faire des traces. Je passe en boucle au walk-man ma musique du posing libre. Ma cassette est prête, c'est un ami DJ qui me l'a montée. Mon maillot est vert émeraude.
Il est 19 heures nous voilà enfin à Sarreguemines dans les coulisses de la salle des fêtes.

La pesée.
Une ambiance feutrée dans la pénombre et des regards en coin. A l'appel de ma catégorie, je me mets en maillot de bain, je suis au poids : 67kgs pour 172cm, j'ai 7kgs de marge. Nous sommes une vingtaine et les plus énormes se pressent autour de la balance. L'ambiance devient électrique, un candidat a 700grs en trop ! Il accuse la balance mais nous sommes tous d'accord pour qu'il soit éliminé. C'est le règlement mais pour moi c'est surtout devant son gabarit que je reste pantois. Il a l'air d'avoir 15kgs de plus que moi et déjà que les autres sont étrangement énormes et légers à la fois, celui-là c'est trop. Je suis dans la catégorie : Taille Moyenne Léger à la NABBA et Mr José Martinez le Président intervient. Il lui donne un quart d'heure pour être au poids, je suis rassuré c'est impossible. Dix minutes plus tard il réapparait tout nu et au poids ! Il a perdu 700grs en dix minutes, pour moi c'est incroyable.

La compétition.
Ma catégorie doit passer juste après l'entracte. Mais c'est à quelle heure l'entracte ? Je commence à paniquer d'autant plus que la glace posée au sol dans les vestiaires du sous-sol me renvoie une image d'un drôle de Yves, les yeux exhorbités, le visage émacié, tout pâle et tout maigre. Je m'allonge pour faire comme tout le monde et je n'entends même plus Charles qui semble ne plus pouvoir contrôler son stress.

L'entracte
Trois heures plus tard, avant l'entracte c'est la démonstration d'un professionnel Bertil FOX qui vient de terminer 6° à Olympia. Charles veut absolument lui serrer la main et je lui propose de les prendre en photo. Bertil FOX nous a fusillé du regard lorsque le flash l'a ébloui et nous nous sommes sauvés.
Je m'assied de nouveau à ma place et à côté de moi il y a maintenant un nouveau mais il a l'air encore plus gros que les autres. Il ne bouge pas et sa femme est à côté de lui. Elle lui parle en espagnol, je vois ses avant-bras dépasser de son haut, c'est effrayant comme il est massif et sec. Mais il est tout petit, donc pas dans ma catégorie, il me sourit...
-" Lee LABRADA" crie un concurrent qui se jette sur mon voisin pour lui serrer la main.
Je suis vraiment un idiot, je suis à côté du plus bel athlète du Bodybuilding qui vient de faire 3° à Olympia et je ne le reconnais pas ! Sa femme intervient tout de suite pour nous dire en anglais que Lee allait nous faire un show dans les vestiaires pour nous ! Du jamais vu, énorme, sec, une ligne démoniaque et avec cela un humour et une gentillesse incroyables. Nous sommes abasourdis, je ne bouge plus d'un cil même lorsqu'il me fait un clin d'oeil pour me dire : "Je t'ai fais une bonne blague ?"

Taille Moyenne Léger.
Après cela plus rien ne sera pareil ! J'ai cependant la gorge serrée lorsque je monte à la file indienne l'escalier à colimaçon qui nous conduit sur la scène. J'essaie de rester digne et je me concentre sur mes abdominaux c'est tout ce qui me reste. Les autres font des tractions de dernière minute, nous sommes 18 et notre entrée sur scène provoque un remou dans le public. La salle est pleine et c'est à l'aveuglette, les projecteurs dans les yeux que j'avance à l'appel de mon nom et de mon club. Je tremble et mes tremblements ne vont plus s'arrêter durant toutes les poses imposées et pire encore au cours du posing libre lorsque ma cassette va se bloquer. J'essaie de me concentrer mais rien n'y fait, je n'ai même pas l'impression de contracter mes muscles.

Les résultats.
On commence par le dernier mais il n'est pas là, il s'est sauvé. Le 17°, 16°, 15°... 12°, je commence à espérer entrer dans les dix voir six premiers mais le 11° c'est moi. Je salue le public, prends mon diplôme et retourne m'habiller, heureux d'en avoir fini pour assister au Toutes Catégories. Je ferai le point demain et je console Charles qui a terminé 3° en Petite Taille Léger alors qu'il se voyait premier.
Je n'ai pas dormi de la nuit et le lendemain au club j'étais sur un nuage... J'avais serré la main à Lee LABRADA. Je ne sais plus mais je n'ai sûrement pas dû me laver les mains durant plusieurs jours.

A suivre

Petite précison Lee LABRADA portait des lunettes à verre très épais dans le vestiaire, c'est pour cela que je ne l'ai pas reconnu...
Par contre les organisateurs ont eu beaucoup de problèmes avec Bertil FOX ce soir là. Il n'avait pas digéré sa 6° place à Olympia et surtout que Lee LABRADA soit classé devant lui. Toujours la même querelle entre les énormes gabarits et les petits gabarits. Lorsque Bertil FOX est arrivé il a exigé de faire sa démonstration de suite, en plein entracte et il est reparti illico... C'est pour cela que Lee LABRADA c'est retrouvé dans notre vestiaire en attendant que Bertil FOX fasse sa démonstration et reparte.

Me voilà au lendemain de mon premier concours et même si j'avais les plus beaux abdos, il n'en reste pas moins que je n'avais rien à voir avec les autres concurrents. Ma 11° place je la dois à ma bonne préparation, visible sur ma tablette de chocolat. Mais alors que certains dépassaient les 45 de tour de bras moi je n'avais même plus 37 cm. Il fallait faire quelque chose d'autant plus que cela faisait maintenant plusieurs années que mes bras étaient mon objectif principal.
C'était décidé j'allais faire les championnats de France IFBB. Au mois de février les 1/4 de finales avaient lieu à Mulhouse, j'y serai et aussi gros que les autres...

CHAPITRE III

La révélation.

Dans ma salle de 6H00 du matin à 22H00 je n'avais pas le temps de réfléchir. Le nombre d'adhérents tous sports confondus dépassait les 500 et j'étais secoué comme une balle de ping pong toute la journée. La fin de l'année approchait et mon comptable reprenait espoir à la vue des rentrées régulières. Ce qui ne l'empêchait pas de me rappeler qu'à la vue de mes investissements trop lourds je ferai mieux de fermer maintenant avant qu'il ne soit trop tard ! C'était mal me connaître, je me disais cette année nous sommes 500 et l'année prochaine nous serons mille.

Pourtant le mois de décembre a été difficile, les fêtes n'encouragent pas les inscriptions en salle de gym. Dehors il fait froid, nous sommes en Alsace et il est de tradition de rester chez soi sous la neige à Noël. Le 24 à midi, une panne d'électricité paralyse tout le centre de sport. Mes voisins ne semblent pas souffrir du même mal, je téléphone à EDF et une voix douce sur le répondeur me propose gentillement de rappeler à 14H00. Une cliente me dit en riant qu'il faut payer ses factures ! Mais bien sûr, j'avais demandé la mise en instance de ma dernière facture, une somme faramineuse puisque j'étais entrain d'installer le chauffage central et que pour l'instant les 600m² étaient tempérés à l'électricité...

A 14H00 j'étais à l'agence locale qui comptait quelques employés comme adhérents à mon club et j'obtiens du responsable une réouverture du compteur mais pas avant le 27 au matin. Jours de congés, en Alsace, obligent... Bon ce n'est pas un problème j'ai allumé des bougies dans tous les coins et emprunté des radiateurs au gaz. Nous avons passé une veillée de Noël des plus romantique.
Ce passage c'est pour sebestef qui m'a écrit :
Citation:
"Je suis moi-même dans la grande maison éducation nationale et je songe parfois à me lancer dans le privé."
Mais il y en aura d'autres encore et des pires !

Pas le temps de souffler me voilà à Mulhouse dans des vestiaires glacés. Charles et Lucien m'ont abandonné la semaine dernière, j'ai les boules surtout que nous nous sommes entrainés comme des forçats. Seul Yvon m'accompagne, il faudra que je le remercie un jour pour son dévouement et pour son aide désintéressée. Surtout que ce Noël j'avais 40,7 de tour de bras et pas lui. Je n'ai pas bien compris un phénomène que je maîtriserai plus tard, le rebond après une sèche. Une augmentation de volume sans précédent et en restant sec. Les trois premières semaines plus je mangeais (diététique), plus je grossissais et j'abordais la nouvelle année avec 73kgs secs. J'ai passé le mois de janvier à doucement descendre sans perdre de ma qualité...

Me voilà à 69kgs pour 172cm dans la catégorie des -70kgs au 1/4 de finale IFFBB. Nous sommes 15 inscrits et 14 sur scène, devant un public clairsemé en pleine après midi sur un podium glacé. Je domine toute ma catégorie, au minimum d'une demi tête mais je suis celui qui prend le moins de place. J'ai un bronzage parfait et je maîtrise mes poses et pourtant je suis découragé. Je ne sais pas si c'est l'ambiance glacée ou le fait de m'appercevoir après la pesée que je n'avais vraiment rien à voir avec cette catégorie qui m'avaient rendu taciturne.

M.... ! Le verdict tombe d'une logique implacable 13° sur 14. Dans les vestiaires, je félicite un strasbourgeois qui vient s'entrainer régulièrement dans ma salle Jean-Louis. Mon âge un habitué des concours et championnats. Il venait de remporter facilement la première place dans ma catégorie. C'est lui qui m'avait donné les derniers conseils pour ajuster ma préparation au mieux. Mais alors que lui grossissais toujours plus tout en sèchant moi je fondais comme neige au soleil sans atteindre cette perfection tant recherchée. C'est la génétique qui veut cela ! Mon dieu qu'est-ce que je l'ai pas entendue cette phrase...

Sous la douche, alors que je l'inonde de compliments, il me demande étonné si je suis bête ou naif. Je lui avoue que je ne comprends ce qu'il veut dire et il me répond froidement :
" Tu crois que j'y suis arrivé tout seul ? Et les autres pourquoi tu crois qu'ils sont comme cela ? Tu es certainement le seul à être clean Yves..."
Je le regarde comme s'il était dieu ou le diable et j'accuse le coup.
- Comment cela tu veux me dire que je ne pourrai jamais devenir comme toi sans utiliser de produits dopants ? Et les contrôles ?
Il éclate de rire avant de me répondre :
- Ecoute on va pas en discuter maintenant mais je croyais vraiment que tu le savais !

Quelques mois plus tard j'ai ma photo en noir et blanc dans Muscle & Fitness revue qui à cette époque mettait tous les participants au championnat de France IFBB. Jean-Louis a été en finale organisée pour la première fois au Salon du Bodybuilding et a terminé 4° avalé par la marée venue du Sud. Je l'ai suivi jusqu'au bout : ses souffrances, ses humeurs, l'odeur de poisson qu'il dégageait, son stress. C'était la première fois que je voyais cela, il donnait toute sa vie pour ce championnat, il n'entendait plus rien et ne s'écoutait que parler. Plus tard j'ai vu pire encore mais cette année là a été pour moi l'année de la révélation.

Moi j'ai été radié de l'IFFBB au mois de septembre par courrier, comme j'avais participé au concours de Sarrebourg sous licence NABBA et que c'était interdit... Je n'étais pas au courant de cette clause mais surtout je me suis demandé comment moi un sinistre inconnu j'avais pu être repéré. En fait j'ai été dénoncé par Bruno LEMAITRE responsable régional de l'IFBB, ancien vice-champion de France junior qui passait son temps à cela. En plus je lui achetais ses protéines : LEMAÎTRE imbuvables que je vendais dans ma salle pour le soutenir dans son commerce ! Je l'avais même appelé pour faire un séminaire dans ma salle au printemps (avant que je ne sois au courant de sa félonie) et il avait dit devant tous les membres présents qu'à la vue de mon gabarit je ferai mieux de faire du fitness.

Voilà Yves ton apprentissage vient de commencer ! Pas facile quand on a passé sa jeunesse à admirer des champions en se disant un jour ce sera moi !
Un peu amer ou triste aujourd'hui, cela doit être la pluie qui tombe depuis trois jours dans le pays catalan : pays du soleil, de la mer et de la montagne.

A suivre...

Bon après cette intro un peu philosophie de bistrot, revenons à mes exploits de compétiteur débutant. Ma carrière à peine commencée, me voilà déjà radié de la seule fédé reconnue par les instances nationales et presque mondiales. Me voilà de retour dans ma salle, il était grand temps, certains membres commençaient à se sentir délaissés. Fort de ma pratique en compétition j'individualisai de plus en plus les entrainements et le suivi. C'est une démarche très contraignante et fatiguante qui porte heureusement ses fruits. Des clubs de foot, basket et hand s'inscrivent pour profiter de mes installations et ajouter la musculation à leur sport. J'ai eu la chance de pouvoir cotoyer des champions olympiques ou mondiaux de différentes disciplines sportives. A 10kms de ma salle se trouve le village qui était le centre de la société ADIDAS. Tous les champions sponsorisés par la marque aux trois bandes passaient par là et comme ils voulaient s'entrainer, c'est à ATHLETIC GYM qu'ils venaient. Je me souviens entre autres d'un athlète superbe, avec une qualité musculaire exceptionnelle qui du haut de ses deux mètres, faisait des squats sautés avec 180kgs de charge sur la barre. Un tchèque champion du monde et médaille de bronze aux jeux Olympiques de saut en hauteur, d'une rare modestie. Mais aussi ce californien qui après un entrainement digne d'un pro du bodybuilding vient me demander conseil et lorsque je lui demande ses titres en bodybuilding, il me dit n'en avoir aucun mais être champion du Monde de freesbe. A mon grand étonnement il m'explique qu'il fait parti d'un team et qu'il gagne beaucoup d'argent, énormément d'argent. Mais que la concurrence l'obligeait à être plus qu'au top, d'où ses séances hard de musculation. Tous les clubs ou champions qui sont passés dans ma salle ont toujours été des moteurs pour les autres adhérents.

Moi-même en les voyant suer sous les barres et obtenir des résultats stupéfiants je me suis lancé dans ma période force. Trois mouvements de base et un entrainement adapté pour gagner en force donc par logique scientifique en volume. Oui mais fais gaffe Yves c'est pas beau un champion de force ! En attendant c'est massif et c'est bien ce qui me manquait le plus. Me voilà, toujours avec mes deux compères Charles et Lucien, sur les routes de l'Est de la France à tester nos exploits en développé couché, soulevé de terre et squat. Nous emmenons avec nous un junior qui payait pas de mine mais qui adorait soulever toujours plus lourd : Yannick CHARBONNEAU. Après quelques concours régionaux où nous croisons la fonte avec des athlètes que je ne connaissais pas et qui en plus de leur muscles, avaient des coeurs en or, nous nous inscrivons en championnat de France de Force Athlétique.

Je retrouvais Mr José Martinez président de La Fédération Française de Force et de BB qui comme l'ensemble des concurrents semblait d'humeur joyeuse et détendue. C'est ça la Force une compétition avec un esprit sportif admirable ! Je n'ai pas réussi à passer les 1/4 de finales terminant dans ma catégorie à la dernière place et en dessous des minimas nécessaires pour accéder à la 1/2 finale. Pareil pour Lucien plus lourd que moi près de 90kgs, le stress et le régime ont eu raison de lui. Pour Charles et Yannick l'aventure continue mais nous sommes tous heureux d'avoir passé une journée à pousser et tirer dans la bonne humeur des tonnes et des tonnes de fonte.
Charles n'ira pas en demi-finale et Yannick sera champion de France junior ! La section musculation d'ATHLETIC GYM tenait enfin son champion. Il faut dire que la Boxe Française nous avait devancé de quelques mois. Yvon entraineur et champion lui-même avait amené Franck SIMON au titre de champion de France 1° série espoir.

Une bonne année que cette année là !

Si je raconte ce que j'ai vécu depuis 1973, c'est sans mauvais esprit. Je mesure mes mots pour qu'ils rendent au plus juste des instants plus ou moins long qui ont marqué ma vie. Je ne peux évidemment pas parler d'objectivité mais de froide lucidité. Je reprends pour exemple Bruno LEMAÎTRE ancien vice-champion de France junior dont je vous ai déjà parlé et qui dans les années 80 était le gourou dans l'Est de la France, propriétaire d'une salle superbe à Haguenau, vendeur de matériel, de suppléments pour la musculation et d'anabolisants.

Le mot est laché et le trafic dénoncé mais comme il y a prescription que le junior a disparu corps et biens depuis plus d'une dizaine d'années, je ne fais que dire la vérité. Seul l'honneur de cet ancien gourou est en jeu. Mais avant tout comme Miss je ne ferai pas l'apologie du dopage parce que je veux respecter le règlement de ce site et les lois en vigueur. Malheureusement je serai parfois amené à parler d'anabolisants et de gens malhonnêtes qui gravitent dans le milieu du bodybuilding. Si je vais trop loin que les Modérateurs me censurent les parties excessives. (Non, pas les miennes!)

Après cette mise au point je reviens à mon année 1988 et les débuts de la saga d'ATHLETIC GYM.
Au mois de juin je participe en -70kgs à un concours à Strasbourg, organisé par Claude SARDELLA, un collègue, patron de salle qui ramait autant que moi, sinon pire. Mais qui ne se laissait pas abattre au contraire. Cela devait être le super concours de l'année, le rendez-vous de tous les culturistes avec Edouard KAWAK en démonstration. Malheureusement pour des sombres raisons de jalousie entre clubs strasbourgeois un mot d'ordre de boycotte a été lancé. Nous nous sommes retrouvé à moins de 20 concurrents et mon ami Coco ne savait plus comment faire pour que le concours tienne la route. Moi je m'étais bien préparé, je commençais à avoir des épaules et j'étais accompagné de mes deux compères Lucien le gros, Charles le petit et Marie-Blanche la nouvelle.
Citation:
...une gonzesse qui fait sa petite séance de muscul tous les jours sans autre ambition que la sécheresse et la définition mais surtout pas la compét... Miss
Voilà la personne qui m'intéresse au plus haut point parce qu'elle est dans le vrai et le pur. Une femme qui n'avait d'autre ambition que de tonifier son corps et qui est montée sur une scène pour dire à tout ceux qui la connaissait : "Si je l'ai fait, toi aussi tu peux le faire !"
Un concours dont la seule satisfaction pour moi a été d'être présent mais aussi de rencontrer Edouard KAWAK et Ousman CAMARA.
Edouard KAWAK monstreux et magnifique ! Une fois remis de mon premier choc, je suis resté impressionné par la force tranquille qui se dégageait de lui. Chaque mouvement sur scène glorifiait le muscle dans tout ce qu'il avait de plus énorme et beau à la fois. J'avais envie de reculer pour mieux le voir et en même temps je ne voulais pas bouger pour ne rien rater.
Ousman CAMARA, celui qui a frôlé les dieux mais j'en reparlerai dans quelques années, il a été le deuxième effet Kiss Cool de l'après-midi. Sa veste et son pantalon de cuir noir qui craquaient à toutes les coutures, ses Santiag et ses cheveux à la rasta. Une panthère d'une beauté plastique sublime, un coeur d'or et un humour décapant. C'est lui qui a porté ce jour là tout le concours sur ses épaules ne cèdant sa place qu'au champion professionnel Edourad KAWAK.
Je suis rentré chez moi sans pouvoir m'endormir avant d'avoir raconté mille fois comment cet athlète sculpté dans l'ébène c'était échauffé dans les vestiaires et comment sur scène il a pris possession de l'espace dans une chorégraphie digne des plus grands danseurs modernes pendant que ces triceps et ses cuisses se striaient.

Afin de faire connaître mon club dans la région je décidai d'organiser des manifestations sportives. De boxe, facile le club comptait une centaine d'adhérents très dynamiques qui ne manquaient pas de bonne volonté et d'idées. Un entraineur compétiteur hors pair Yvon qui préparait des championnes et champions. Entre les rencontres de boxe française régionales, nationales et les échanges entre la Belgique et l'Alsace, un championnat du Monde de boxe Américaine féminin, des rencontres de boxe Thaï, dont une démonstration avec un champion du Monde, etc... Même la Danse classique y est allée de son gala au mois de juin. Il ne restait plus de choix à la section culturiste que d'organiser une rencontre régionale de Force avec un 100kgs primé, un championnat de l'Est de Bras de Fer, une rencontre régionale d'Haltérophilie et un concours de Bodybuilding.

Sous l'égide de la FFFBB en fin d'année 1988. Les sponsors s'arrachaient les catégories féminines, tous les commerçants de la ville de Saverne ont été sollicités. Chaque catégorie était primée jusqu'au 6° : coupes, argent et protéines, du jamais vu. Une fortune a été dépensée en éclairage, sono et animation. On était mieux équipé que dans une discothèque et j'ai fait bouger toute cette rigidité lassante des concours de bodybuilding. Ne plus ennuyer les spectateurs mais au contraire les étonner. Le spectacle son et lumières devait commencer à 20H30 et il a commencé à 20H30. Tant pis pour les juges qui réclamaient moins de son et plus de lumière, tous les effets ont été utilisés pour que les 1000 spectateurs à 23H00 se disent c'est déjà fini et avec l'envie de revenir la prochaine fois.
120 concurrents étaint là, toutes les catégories pleines à craquer avec 2 catégories pour les débutants. Tous les clubs de l'Est avaient fait le déplacement. Le Toutes Catégories était tellement énorme que je n'ai pas eu besoin de faire appel à un professionnel !
Moi j'ai participé en catégorie Taille Moyenne Léger et j'ai terminé 6° sur 12. Je pense que ce jour là il y a eu du favoritisme, parce que je n'étais vraiment pas en forme avec toute l'organisation du concours je n'ai eu que très peu de temps pour me préparer. Mais la soirée a été tellement magique qu'aujourd'hui encore j'ai un pincement au coeur.

A noter que Claude SARDELLA l'organisateur du concours à Strasbourg a terminé 1° dans ma catégorie et 1° en Toutes Catégories. Victoire méritée grace à sa ligne et sa définition, bien sûr il était léger par rapport aux 3 Lourds mais pour une fois c'est la ligne et la définition qui l'a emportée...

A suivre...

Suite des tribulations du petit instit' qui voulait devenir plus gros que Weider.

Pour bien comprendre la situation fin 1988, je suis obligé de faire un retour en arrière afin de clarifier les structures qui permettaient au club ATHLETIC Gym de continuer à fonctionner. Parenthèse dans la parenthèse, début 1987, je m'étais associé avec un jeune bodybuider, Daniel KAUFFMAN qui à l'aide de son père vieux briscard des affaires avait réussi à nous obtenir des crédits largement au-dessus de tout bon sens. Moi, aveuglé par ma passion, je n'ai rien vu venir et j'ai investi mes économies et hypothéqué ma maison. Je n'avais pas d'autre choix que de continuer et de tout tenter pour sauver le bateau qui prenait l'eau de toutes parts. Après avoir viré mon associé dans le mois de l'ouverture je me retrouvais seul aux commandes du Titanic.

Trop d'investissements et le constat comptable de ma société en faillite avant l'ouverture, ont fait que j'ai dû vite apprendre à ruser pour continuer à survivre.
Parallèlement à la SàRL ATHLETIC Gym, j'avais mis en place des sections sportives : boxe, danse, musculation qui faisaient parti de l'Association ATHLETIC Gym. Non seulement c'était une obligation pour pouvoir organiser des manifestations sportives, pour pouvoir licencier les adhérents, pour être suivi par le journal local les Dernières Nouvelles d'Alsace, pour obtenir des subventions (dérisoires), pour pouvoir embaucher des TUC (intéressant) et pour participer à la vie associative de la ville de Saverne. Mais surtout cela me permettait de maintenir ma société qui elle louait ses locaux aux différents intervenants.

Après cette mise au point, revenons à nos moutons et à cette année 1989. Je venais de terminer l'année 88 sur une réussite totale quand à l'organisation du Gala de Bodybuilding organisé par le club ATHLETIC Gym et j'avais déjà pris une option sur une demi-finale France IFBB et finale junior. Cette manifestation été prévue au mois de février 1989, j'avais une revanche à prendre auprès de cette fédé ! Je savais que je n'avais pas le vent en poupe à l'IFBB mais c'est par l'intermédiaire du responsable de la section musculation de mon club que les tractations se sont faites. Son amitié avec le responsable régional, Bruno LEMAÎTRE et surtout le fait que l'IFBB ne trouvait pas d'autre club organisateur, a fait pencher la balance en faveur de Saverne. Il faut dire qu'en plus c'était le fichtre complet dans la fédé N°1 en France, le président SCATOLINI venait de se faire virer suite à un coup d'état d'une partie de son bureau qui lui reprochait de sombres magouilles.

Nous voulions tous faire de cet évènement la consécration du Bodybuilding en Alsace. Les réunions se sont succédées à un rythme infernal et je ne remercierai jamais assez les Christian Werling, Yves Steimer et tous ceux que j'oublie dont Yvon mon éternel et indispensable ange gardien. J'ai réussi à obtenir de la ville le nouveau gymnase un énorme complexe sportif et l'installation de gradins. L'adjoint au maire m'assurant le soutien de la ville pour cette manifestation. Il ne nous restait plus qu'à mettre en place la structure d'accueil pour les athlètes, les juges et les responsables de la fédé, trouver le matériel son et lumières et de l'installer dans les règles, de promouvoir l'évènement auprès des médias, intéresser les commerçants à la vente de nos billets d'entrée, trouver un professionnel digne de l'évènement, trouver des sponsors, etc.

Les médias je vais vous en parler puisque c'est un sujet à débat sur BODYBUILDING.Fr. Pour m'assurer le soutien des médias par des articles ou messages annonçant l'évènement, je suis allé à la rencontre des responsables du service des sports des Dernières Nouvelles d'Alsace et de FR3 à Strasbourg. Le premier m'a vertement envoyé paître sous prétexte que la musculation n'était pas un sport et le deuxième ne m'a pas répondu. Mais j'ai réussi à intéresser le correspondant local vivement intéressé par les catégories féminines qui m'a demandé un papier de Jeunesse et Sport précisant que l'IFBB France était bien affilié et reconnu. C'était encore le cas puisqu'elle était sous tutelle de l'haltérophilie. Pour FR3 je n'ai pas arrêté d'appeler, écrire et faire intervenir des sportifs ou responsables municipaux en faveur de la manifestation. J'ai obtenu gain de cause puisque la 1/2 finale a été annoncée et commentée dans le journal local, régional et sur FR3. Pour les revues spécialisées, Muscles & Fitness je n'ai pas eu plus que l'annonce régulière et prévue d'une demi-finale et en retard avec le décalage... Le Monde du Muscle rien ! IRONMAN a été le seul magazine qui nous a soutenu et qui nous a envoyé 1000 revues à distribuer au public. Voilà pour les médias à qui nous sommes supposés faire comprendre que le culturisme est un sport...

Le jour J, tout était prêt. Plus de 100 concurrents étaient attendus. Un bon nombre arrivés la veille circulaient dans la grand rue, habillés en arlequin. Amusement ou effroi pour la population locale peu habituée à se débordement musculaire. Nous savions depuis quelques jours que c'était Mr Naturel : Mike ASHLEY le pro IFBB vainqueur de la Nuit des Champions qui allait assurer la démonstration. Heureusement que nous avions réussi à obtenir le soutien financier de quelques commerçants locaux ou régionaux parce que les frais commencaient à devenir impressionnants. Entre la taxe à la fédé, l'hôtel et les repas pour 12 juges et responsables, la démonstration, les coupes et médailles et toute la structure technique mise en place avec les techniciens, nous ne devions pas faire moins de 600 entrées payantes. La partie lots de protéines et suppléments alimentaires assurée par la boutique LANICO de Strasbourg, Bruno LEMAÎTRE de Haguenau et Eric FAVEUW de Sélestat, nous permettait de récompenser 6 concurrents par catégorie. J'avais réussi à vendre des espaces et faire un mini salon où pas moins de 12 exposants présentaient leurs machines, vêtements et produits diététiques.

La fête pouvait commencer !

Une fête réussie pour le public plus de 1 200 personnes et pour la centaine d'athlètes en superbe condition avec la victoire en -70 kgs de Jean-Louis RICHTER qui était venu paufiner sa préparation dans notre club. Une démonstration d'une qualité exeptionnelle de Mike ASHLEY avec des abdos pas possibles ! La fête finie notre joie a été gâchée par les juges et responsables de l'IFBB qui non contents de nous avoir taxé pour avoir le droit d'organiser la demi finale, avoir été nourris et logés, exigèrent un supplément plus que conséquent, la taxe était doublée ! Une honte et le responsable de notre section musculation grisé par les entrées et sous l'influence du responsable régional, signera le chèque...

A suivre...

Une fête gâchée par l'IFBB...

La salle pleine à craquer, les représentants municipaux, les commerçants locaux, la qualité et quantité des athlètes présents, la démonstration de Mike ASHLEY, la présence de FR3 et des journaux locaux ont fait de cette demi finale une réussite pour nous organisateurs. Tout aurait pu être parfait si le comportement des responsables IFBB France n'avait pas été odieux. L'ancien président SCATOLINI était là, il avait fait le déplacement dans sa voiture de sport grise et avait tenté de nous prévenir des agissements de ses ex-collègues, nous précisant que lui-même venait pour surveiller si tout se passait dans les règles.

Le soir après la compétition au cours du repas nous avons règlé nos compte avec l'IFBB France. Au moment du dessert, un juge se permet de lancer à la cantonade en s'adressant à nous organisateurs : " Vous vous en êtes foutu plein les poches..."
Yvon c'est levé brusquement pour leur dire tout ce que nous pensions de leur odieux comportement. Que nous avions pris tous les risques avec des dépenses inutiles imposées par le responsable régional. Que nous n'étions pas obligés de supporter leur faillite financière, etc. Les têtes se sont baissées, Bruno LEMAÎTRE en pleurant propose sa démission, ce que nous l'encourageons vivement à faire. L'ex président venu en spectateur se frotte les mains ! Nous sommes déçus de constater à nos dépens qu'une fédération ce n'est pas grand chose ou plutôt que c'est une association de personnes cherchant se remplir les poches sur le dos des clubs et des athlètes. Mais bon il fallait bien être naif comme moi pour ne s'en rendre compte qu'en 1989 ! Tout de même l'IFBB...

LE STRESS

C'est un facteur important dont j'ai envie de parler aujourd'hui. Pourquoi parce que dans la préparation à une compétition et surtout le jour même c'est certainement lui qui fait la différence sur scène pour le compétiteur. Parce que c'est ce qui m'a le plus impressionné au cours de cette demi-finale France et tout au long de mes dix années de compétitions. Tout le monde a déjà stressé, il y a suffisamment de situation dans la vie pour se trouver confronté à ce problème. En compétition de bodybuilding j'ai vu le stress transformer les athlètes et souvent leur porter péjudice au niveau de leur classement.

Le stress, terme issu de l’anglais "distress" qui signifie "détresse" ou de "to stress" : mettre en tension ou encore du latin "stringere" serrer ou "strictus", serré, pressé. Petite recherche étymologique, des restes de mon passé d'enseignant...

Pour comprendre ce qu’est le stress et les effets en bodybuilding, il faut en connaître le contexte. En compétition de musculation c'est le fait de monter sur scène en maillot de bain et d'être en situation de comparaison avec d'autres athlètes face au public.

Mais aussi il faut savoir que si on ne trouve pas de solutions pour gèrer son stress on va s'enfermer dans des attitudes que j'ai souvent observé en compétition : le repli sur soi, la morosité, l’irritabilité, voire la dépression. Ou alors des tentatives de résolution des difficultés par des comportements excessifs comme l'hyperactivité, le tabagisme, la boulimie, l'absorption d'alcool...

Pour en parler concrètement je vais vous décrire mon stress et comment j'ai lutté pour le vaincre. Je vais aussi vous raconter ce que j'ai vu autour de moi et les personnes que je vais citer ne le prennent pas mal et n'hésitent pas à commenter... Monter sur scène, ce n'est que la partie émergeante de l'iceberg mais c'est aussi la plus difficile pour le mental. A partir de là connaissant le problème je ne me moquerai que de moi-même.

Lors de ma première compétition je n'étais inquiet que par rapport au déroulement de l'épreuve. C'est un phénomène qui continue à poursuivre le compétiteur tout au long de sa carrière. Connaître le moment exact de son passage sur scène, c'est vrai que pour s'échauffer au bon moment c'est important ! Mais j'entends encore aujourd'hui cette question : "On passe à quelle heure ?" Je l'ai posée en tant qu'athlète et entendue dans mes oreilles d'organisateur ou de responsable de fédé, mille et mille fois.

On peut lutter contre cette angoisse en programmant à l'avance tout ce que l'on va faire. Il suffit de commencer par la montée sur scène et de détailler à reculons minute après minute ce qu'il faut faire. Avec un timing précis c'est le moyen pour lutter contre l'angoisse du "Quand est-ce qu'on passe ?" Un autre moyen c'est d'être effectivement prêt, ce qui veut dire arriver au maximum de ses possibilités en ayant fait tout ce qu'il fallait pour et sérieusement. Cela je ne l'ai vécu que dans mes dernières années de compétition. Monter sur scène et sentir qu'à la première contraction que l'on va faire tout va exploser. Ce mettre en place et pendant ces premiers instants doucement laisser son corps se congestionner sans s'être échauffé 3/4 heure avant. Au contraire le moins possible.

Mais chacun lutte comme il peut et avec ses convictions, Elian PIERRE un athlète remarquable au coeur d'or avait besoin de tout un cérémonial pour se préparer. Recouvert d'un peignoir et sandales au pieds, il adorait tirer sur des sandows pendant des heures et ne pouvait pas faire autrement. Ousman CAMARA devait pousser lourd et c'était impressionnant les charges qu'il soulevait à l'échauffement. Un jour j'ai vu un athlète Hollandais qui lui c'est fait masser du haut en bas et c'est tout mais sur scène il a été magnifique. Mais l'ensemble des culturistes adoptait plus l'échauffement complet et pour certains c'était plus qu'au cours de toute leur semaine d'entraînement.

Puis la compétition suivante l'angoisse primordiale a été les concurrents de ma catégorie, je n'ai plus arrêté de demander à ma femme avant la pesée : "Tu crois qu'il est dans ma catégorie ?" Lors d'une finale France FFBBB à Lyon, dans l'attente je sors de la salle avec ma femme et à l'extérieur nous croisons un athlète énorme ! Je demande à ma femme : "Tu crois..." Elle ne me rassure pas en répondant que c'était difficile à dire. Je lui demande alors de passer à côté de lui, pour que je puisse estimer sa taille. Je commence à paniquer, il est dans ma catégorie ! C'était ma première année en Taille Moyenne Lourd. J'étais pas vraiment lourd, plutôt moyen. Après j'ai appris qu'il s'agissait d'Emmanuel WEIL !

Une autre source de stress c'est qui est dans le jury et après les obsessions se multiplient par mon maillot, ma cassette, mon tan, ma sèche, ma ligne...

Oui bien sûr il s'agit de 1989 et de l'IFBB France qui ne s'appelait pas comme cela mais genre FFHMC qui était sous la tutelle de l'hatérophilie et concourait sous l'IFBB au niveau international. Les luttes intestines entre les membres de l'association française affaiblissant l'IFBB France ont d'ailleurs été à l'origine de la multiplication des fédérations. Là je sens que je vais me faire reprendre par les historiens du bodybuilding. En plus c'était la première année des contrôles anti dopage. Je me souviens il fallait bloquer une pièce, des vestiaires et des toilettes pour que le médecin et les responsables puissent opérer. Il y avait d'ailleurs pleins de techniques plus ou moins sauvages et efficaces pour essayer de masquer la prise de produits dopants avant un contrôle. Le premier de chaque catégorie et un autre tiré au sort étaient contrôlés systématiquement. Beaucoup d'athlètes ont été éliminés la veille ou après les finales. L'IFBB France avait d'autant plus de mérite que cela coûtait une fortune !

Quand à ma fille, je ne maîtrise plus rien mais je ne désespère pas de la voir un jour commencer sérieusement à s'entrainer. Pour mon physique, merci sebas mais c'est vrai qu'à partir de 1995 jusqu'en 1999 j'étais pas mal, pas mal...

LES SIGNES DU STRESS

Ceci dit je reviens au stress en compétition de bodybuilding, j'ai parlé du pourquoi et des motifs qui amènent et m'amenaient à stresser. Mais comment ce manifeste-t-il en pratique ce stress ?
Les premières années j'avais toujours un quart d'heure à une demi-heure de flou avant ou après la pesée. Période durant laquelle je devais m'isoler pour ne pas cèder à plus de trouille. D'abord j'essayais de ne penser à rien et de me concentrer sur ma respiration, ce qui me permettait de me calmer et de ne pas me demander qu'est-ce que je faisais ici et pourquoi j'allais monter sur cette scène. Ce n'est pas la présence des autres compétiteurs et leur qualité musculaire qui m'angoissait le plus. Je n'ai jamais eu honte de terminer dernier dans une catégorie de champions mais c'était plus l'impression de ne pas être prêt qui me paniquait.

Certains sont expansifs et n'arrivent pas à tenir en place. Ils se déshabillent dans tous les coins, à tous moments pour vérifier qu'ils sont toujours secs et massifs. Dans mon club, Charles BARLEMENT avait lui toujours le même rituel qui commencait au moins un mois avant la compétition. Cela démarrait toujours par ces biceps. A peine arrivé au club qu'il commençait à se mettre en tee-shirt et nous jetait un double biceps à se pèter les veines, pour terminer immanquablement en slip. Moi ce sont mes abdos qui ont toujours été mon baromètre mais je les regardais en cachette.

Un soir de compétition, alors que je m'étais isolé dans une salle adjacente aux vestiaires, arrive un géant (vert) qui se plante devant moi et me demande :
- Comment tu trouves mes cuisses ?
J'étais assis parterre et lorsqu'il descend son pantalon je ne peux réprimer un sursaut d'effroi ! Il me dévoile deux cuisses énormes, découpées à la hache avec les quadriceps striés. Je reste bouche ouverte et je laisse échapper un :
- Oh ! M....
- Tu penses que ça va ? Oui où non ? Me demande-t-il avec inquiétude.
- C'est fabuleux, j'ai jamais vu ça...
Il est parti comme il est revenu, j'ai cru un instant à un extra terrestre mais il s'agissait de Jean-Luc GORRY. Quel souvenir que ces 110kgs hésitants qui s'étaient plantés devant mes 70kgs paniqués.

Une autre fois en demi-finale France, Elian PIERRE qui m'avait à la bonne me dit :
- Viens bois un coup cela te fera sortir les veines !
Je le regarde inquiet et il m'explique preuves scientifiques à l'appui que mes veines vont gonfler dans les minutes qui suivent. J'hésite et il me dit que lui c'est à l'aide de la bière et du whisky qu'il est si sec et veineux. Pour la bière m'explique-t-il c'est trop tard, c'est un diurétique à consommer largement avant l'heure H. Si vous saviez comme on est faible psychologiquement avant de monter sur scène et me voilà entrain d'avaler une bonne rasade de whisky. L'effet est immédiat, je me sens mieux ! Moi qui était au régime super hard depuis des semaines, je viens de booster mon organisme avec du kérozène. Je monte sur scène ivre, j'ai dû faire un effort gigantesque pour garder mes idées claires et enchaîner à peu près normalement les poses imposées. Pour le posing libre cela a été un désastre, je n'avais plus de jus, l'alcool avait tout brûlé !

Une fois le stress d'avant la compétition maîtrisé, il faut encore ne pas l'emmener avec soi sur scène. C'est ce qui est arrivé à Charles qui avait oublié d'enlever ses charentaises à un quart de finale France organisé à Merlebach en Moselle. Après sur scène on peut se tromper de sens ou de poses mais c'est surtout les blancs au posing libre qui sont mortels. En règle général à partir de la troisième compétition sur scène tout se passe bien et on arrive à se concentrer sur les muscles. Nous avons aussi beaucoup travaillé les poses imposées et le posing libre. C'est tout un entrainement que je détaillerai une autre fois mais il permet de mieux supporter le stress et la fatigue sur scène. La première chose à bien faire est son entrée sur scène. C'est la première image que vont garder de vous les juges. Comment faire ?

Il suffit de suivre un plan très simple qui demande cependant beaucoup d'entraînement. En entrant sur scène de profil bien sortir son buste et arrivé à sa place faire un quart de tour pour se planter dans la position qui vous met la plus en valeur. Cacher les points faibles... Pour moi c'est la jambe droite légèrement en avant c'est ce que j'ai de plus beau, plantes des pieds écartés pour rendre mes mollets plus gros, les jambes fléchies permettant de grossir les quadriceps, cambré, les fesses en arrière position favorable pour les abdos, le buste redressé, le dos sorti de moitié, bras légèrement écartés et fléchis, mains fermées et cassées pour mes avants-bras, le buste pivoté vers la doite pour affiner ma taille, la tête droite, le visage souriant et les yeux scrutent les juges sans insister. Vous devez pouvoir du premier coup d'oeil savoir quel juge vous apprécie et quel juge ne vous regarde pas...

Après lors des poses imposés c'est à vous d'attirer l'attention ou de garder la faveur des juges. Ne pas oublier de sourire et d'avoir l'air cool !

C'est très, très restrictif mais j'ai beaucoup de problème à perdre mon surplus si je ne bouscule pas ma diététique comme cela. Je prends difficilement du muscle par contre tout en faisant attention aux apports je stocke rapidement. C'est pour cela que je ne peux même pas me permettre un peu de fibres les 3 premiers jours. D'ailleurs ses trois jours deviennent souvent 4 voir 5 jours...
Attention toute l'année de 1973 à 1999, je suivais un régime qui a évolué parallèlement à mes expériences. Pour moi c'est une diète de début de sèche que je reprends plusieurs fois. A titre d'exemple pour gagner au championnat de France 1995 j'ai commencé 3 mois avant avec cette semaine d'enfer et j'ai dû le faire 5 fois, dont deux fois 5 jours. Je suis passé de 97kgs à 83kgs...
Mais j'ai perdu peu de masse musculaire et j'étais sec comme jamais !

Le régime.

Pour moi c'était longtemps quelque chose de mystérieux. Pas dans le sens où je ne comprennais pas le principe au contraire mais plutôt une pratique qui n'avait seulement de résultats qu'auprès des initiés. Parce que chez moi cela ne marchait jamais et j'en étais arrivé à croire qu'il fallait l'intervention des dieux ou du diable.
Il faut dire que pour l'entraînement il existe des théories fumeuses mais avec un peu de logique et la pratique vous pouvez rapidement les démonter et suivre un entraînement productif. Alors qu'en diététique c'était carrément la foire aux charlatans...

Pour les régimes si vous n'avez pas obtenu les résultats escomptés, la réponse du gourou nutritioniste reste invariablement :
"Je ne sais pas mais pour moi ça marche !" Et il vous présente sa tablette de chocolat nickel chrome...
Vous rentrez chez vous contrit et pourtant vous l'avez suivi son régime et vous y avez cru. Vous reprenez les feuilles remplies soigneusement jour après jour. Rien n'y fait, vous ne trouvez pas la faille. Alors vous devenez soupçonneux et vous vous dites :
"C'est sûr, il ne m'a pas tout dit !"
Après plusieurs expériences malheureuses de ce style, vous commencez à déculpabiliser et vous vous mettez à étudier les protéines, les glucides, les lipides, les vitamines, les minéraux, etc. Vous comprennez tout d'un coup que ce n'est pas aussi simple que celà et que si ça ne marche pas pour vous c'est parce que vous êtes un ecto-endo-mesomorphe à pourcentage variable.

Vous voilà rassuré, moi en tout cas celà m'a rempli de joie de pouvoir me dire que j'allais pouvoir trouver une solution. Pour préparer mon deuxième championnat de France en 1989, j'ai eu comme coatch, mon ami Jean-Louis RICHTER au gabarit impressionnant en -70kgs. C'est lui qui m'a fait découvrir les premiers rudiments de la diététique en bodybuilding. Celà faisait pourtant plus d'un an que j'avais compris qu'il vallait mieux arrêter tout de suite de manger ce qui est bon au goût et de se contenter d'aliments insipides, cuits à l'eau ! Mais l'idée ne m'était pas venue qu'il fallait commencer par peser ses aliments et les associer suivant certains critères d'assimilation, à des périodes bien définies de la journée. Tout aller dépendre du sérieux de l'entreprise...

A deux semaines du 1/4 de finale il m'ait cependant paru évident que les mathématiques et la diététique en pratique ce n'était pas çà. Je la portais sur moi cette évidence, alors que Jean-Louis et les autres gonflaient en sèchant, moi je m'aplatissait tout en conservant une couche flotteuse autour de la taille. C'est à ce moment là que le doute m'a envahi et si je m'étais trompé ! Mais quelle erreur ai-je bien pu faire ? Jean-Louis restait vague et me parlait de composition des aliments. Cela aussi je l'avais enregistré, j'avais même un tableau avec les aliments et leur composition en protéines, glucides et lipides.

Le jour de mon achèvement, c'était le jour même de la compétition. Bien-sûr je n'avais pas de mal à être dans ma catégorie, il me manquait toujours 5 kgs pour être au top. Peut-être que Bruno LEMAÎTRE avait raison et que je ferai mieux de me diriger vers les épreuves fitness. En plus je retrouvais des concurrents que j'avais croisé en IFBB l'année passée comme Jean-Michel BLACHERE qui paraissait avoir 10kgs de plus que moi et avec une ligne pas possible. Le voilà qui la pesée terminée se met à manger un croissant devant moi qui venait de passer un lundi de Pâques sans "Lämele" ma gourmandise préférée. (Agneau en brioche saupoudré de sucre glace) Devant mes yeux équarquillés il me dit que maintenant il ne craint plus rien à quelques heures du concours et que de toute façon lui il peut manger n'importe quoi, il sera toujours sec. Je suis écoeuré...

Au fil des concours et des années, j'ai compris que pour moi il n'y allait pas avoir d'alternative. Au régime toute l'année, avec de rares exceptions et pire encore pour bousculer mon corps des alternances courtes de jours hyperprotéinés et entraînement à fond avec des jours reprise d'hydrates bien dosés au repos. Trois semaines avant l'échéance je dois être prêt ! Pour terminer suivant l'état par une légère augmentation des calories ingérées par jour. J'ai donc mangé pendant dix ans des blancs d'oeufs, des blancs de poulet, de la viande rouge 5%, du thon, du saumon, des protéines en poudre dans de l'eau, des céréales, des pâtes, du riz, des haricots verts. Pas d'huile ou de beurre cuits mais de l'huile spéciale omega 3 et 6. Plus jamais de frites, keatcheup, hamburger, etc. Parfois je mangeai à l'extérieur, j'avais trouvé des restaurants qui servaient des menus allégés mais rarement chez ma mère qui faisait une cuisine du terroir.

Je suis obligé d'interrompre mon histoire de bouffe, il neige ! En pays catalan c'est vite une catastrophe naturelle. Je viens de couler une chape de 70m² à l'extérieur. Il y a deux jours il faisait 18° et soleil à fond...
Je dois rentrer le cheval miniature qui reste planté au milieu de son pré, c'est bête mais c'est normal, lui il fait pas de régime !
Faut que je me dépèche la neige tombe à gros flocon et elle monte, monte...

Yves

Conclusions du championnat de France FFFBB 1989.

Je n'ai pas réussi à prendre plus de masse musculaire que l'année passée. Je suis cependant plus sec et je semble plus gros. Le régime que Jean-Louis RICHTER m'avait concocté c'est avéré, pour celà, efficace. Ce qui m'a permis de faire la demi-finale et la finale. En quart de finale nous étions 9 en catégorie Taille Moyenne Léger et je termine 4°, les trois premiers sont qualifiés d'office. Repèché, en demi-finale nous étions 6 et je termine 4°. J'ai été à chaque fois repèché parce que les athlètes qualifiés étaient malades ou ne voulaient pas continuer. Moi, j'étais toujours prêt et ravi d'être le suppléant. En finale nous étions à nouveau 6 : 4 du Sud et 2 du Nord avec 2 abandons pour le Nord. J'ai à nouveau constaté la différence énorme entre les deux hémisphères. Trois sudistes sur 4 sont énormes, seul Jean-Michel BLACHERE peut prétendre rivaliser avec eux. Pour moi ce sera la sixième place mais en face d'une telle différence, je me contente d'être heureux d'avoir pu être là !

Je commence à devenir un habitué des concours et championnats en plus j'en profite pour organiser des démonstrations pour mon club. Je propose aux discothèques de la région un show : boxe & bodybuilding. Nous connaissons un franc succès, d'autant plus que j'arrive à attirer des athlètes comme Jean-Michel BLACHERE qui est toujours prêt et parfois des Sarrebourgeois comme KARA, KARLESKIND et GASS. Mais je n'arrive pas à prendre un pouce de muscle supplémentaire. Comme dit précédemment, je suis ecto-endo-mesomorphe et rien ne pourra me guérir... Il faut absolument que j'arrive à faire le point sur mon entraînement et ma diète.

C'est alors qu'en pleine lecture d'une revue anglaise de bodybuilding, je tombe, sans trop de mal parce que j'en avais déjà entendu parler, sur un article révélateur que je vous traduis.

LES 3 PLUS GROS DES 30 MENSONGES DU BODYBUILDING

1. ON PEUT OBTENIR LES MEMES RESULTATS QU’UN PRO, SANS STEROIDES, IL FAUT JUSTE PLUS DE TEMPS.
Bien que beaucoup de magazines affirment le contraire, tous les culturistes professionnels et les amateurs qui veulent avoir des résultats utilisent des stéroïdes et les combinent avec d’autres produits comme l’hormone de croissance qui ont des effets synergiques sur le développement musculaire à outrance. Sans manipuler des hormones il est impossible d’obtenir ce degré musculaire, d’avoir la peau mince comme du papier et de continuer à prendre de la masse. Surtout si vous avez de mauvaises habitudes d’entraînement et une ignorance relative des principes complexes de diététique que beaucoup de professionnels suivent. La plus part des distributeurs de suppléments, dans le but de vendre leurs produits, vous font croire le contraire.
Ce n’est pas une raison pour abandonner. En utilisant les techniques d’entraînement de pointe, en consommant un régime composé de substances de qualité et en menant une vie saine, tout le monde peut changer son physique de façon incroyable. Votre objectif ne doit pas être le circuit de la compétition culturiste mais ce qui peut être réalisable pour vous : la construction d’un physique que vous respecterez, comme des gains issus de votre amour propre et de votre désir d’être en bonne santé.

2. POUR DEVENIR VRAIMENT ENORME, IL FAUT SUIVRE UN REGIME SUPER HAUT EN CALORIES.
Oui, c’est vrai ! Vous allez réellement devenir énorme si vous suivez un régime super haut en calories, mais vous ressemblerez au bonhomme Michelin ou à son frère jumeau. Alors si vous voulez augmenter votre masse de muscle sec, le régime super haut en calories n’est pas pour vous. Sauf si vous êtes un des rares dont le métabolisme et si rapide qu’il va brûler toutes ces calories en trop, au lieu de les fixer en graisse. Malheureusement une étude scientifique nous montre que pour 65% des gens les nouveaux gains à partir d’un régime haut en calories ne sont constitués que de graisse ! Pour les 35% restant, approximativement 15% n’ont augmenté que le liquide intra cellulaire, il reste un pourcentage très modeste pour lequel on a pu constater une augmentation de la masse de muscle sec.
Selon le Dr Scott Connelly (MM2K, printemps 1992, p.21) pour une croissance musculaire, seulement 20 à 25% provient d’une augmentation de la synthèse des protéines. Le reste de la croissance musculaire est directement attribuable à la prolifération de cellules satellites dans le lamina (couches de fluides) de base du tissu musculaire et l’énergie alimentaire (calories) n’est pas un facteur clé de la transformation de ces cellules en nouvelles fibres musculaires.
De tous les facteurs qui sont déterminant pour la croissance musculaire, la prévention de la destruction protéique ou anti-catabolisme semble être la plus efficace. Or ajouter du tissu adipeux par une suralimentation constante va réellement augmenter la destruction musculaire. De plus, la masse adipeuse excédentaire peut radicalement modifier la balance hormonale qui est responsable du contrôle de la destruction protéique dans le muscle. Entre autre, le taux d’insuline qui contrôle partiellement l’anti-catabolisme dans le corps sera déséquilibré par une suralimentation conséquente.
Voilà pour la philosophie du manger énorme pour devenir énorme !
Laissez tomber les régimes super haut en calories à moins que vous soyez un phénomène génétique ou que vous êtes excessivement maigre et ne pensez pas prendre du gras (ou que vous utilisez les suppléments pharmaceutiques appropriés).

3. PLUS D’ENTRAINEMENT = PLUS DE MASSE.
Non, non, non. C’est un des mythes le plus destructeur qui subsiste toujours et impossible de lui couper la tête !
95% des professionnels vous diront que la plus grande erreur qu’il ne faut pas commettre est le surentraînement et pourtant cela leur arrive encore, même en prenant des stéroïdes ce qui leur permet de récupérer plus rapidement. Imaginez alors, comme il est facile pour l’athlète naturel de trop s’entraîner ! Quand vous entraînez vos muscles trop souvent sans qu’ils puissent récupérer, le résultat final sera une croissance musculaire zéro et à coup sur une perte de volume musculaire. S’entraîner tous les jours en utilisant véritablement les principes corrects d’intensité totale, vous conduira à un rapide et énorme surentraînement. Un groupe musculaire entraîné correctement dans un objectif de croissance musculaire, c’est à dire jusqu’à l’échec total qui recrute toutes les fibres physiologiquement possibles, à besoin de 5 à 10 jours de repos pour guérir totalement de cet entraînement destructeur.
En rajouter ou travailler une autre partie du corps dans les prochains jours peut conduire au surentraînement. Exemple si vous entraînez aujourd’hui vraiment vos quadriceps : toutes les fibres jusqu’à l’échec total, le lendemain un travail lourd à la presse incliné ou le soulevé de terre sera mortel pour vos gains musculaires. Après une séance sérieuse des cuisses, votre système entier se mobilise pour guérir et récupérer du traumatisme causé par l’entraînement. Alors si le lendemain vous recommencez, comment pouvez vous imaginer récupérer ? Ce n’est pas possible et même si vous prenez des suppléments ou médicaments qui vont aider votre corps à réduire le catabolisme dû à l’entraînement intense, cela ne suffira pas.
Apprenez à accepter le repos comme une partie précieuse de votre entraînement. Vous devriez probablement passer plus de jours à l’extérieur de la salle de gym que vous n’en passez à l’intérieur.

Boum ! La super claque, moi qui pour me préparer aux championnats, je me suis entraîné tous les jours à fond, plutôt 1 heure 1/2 que moins. Je me suis forcé à ingurgiter des quantité énormes pour suivre le super régime prise de masse qui ne m'a rien fait gagné après le régime d'enfer pour sècher. En plus ce que tous les compétiteurs m'affirmaient s'avère être une évidence : sans stéroïdes pas de compétition ! Ce n'est pas drôle, la vérité ne me fait pas rire. Il serait temps que je revienne à des sujets plus comiques, demain je vous parle de ma salle de bodybuilding et fitness...

Attention ces conclusions n'engagent que le magazine anglais qui a osé diffuser un article sur les 30 plus gros mensonges du bodybuilding

Yves

La ou le bodybuildeuse(eur) c'est une fille ou un garçon qui s'entraîne depuis des années et qui a besoin de personne. Elle ou il a déjà croisé Marie-Laure MAHABIR ou Serge NUBRET, fait un stage avec Dominique DARDE ou Thierry PASTEL, vu Sylvie ESMANJAUD ou Francis BENFATTO au salon à Paris et peut-être Lenda MURRAY ou Dorian YATES en démonstration à Colmar. Elle ou il sait tout, connait tous les mouvements et n'a des doutes que sur vos capacités.

Pour simplifier je vais me concentrer sur le garçon. Lorsqu'il s'entraîne il pousse des hurlements de fauve, il devient tout rouge et transpire beaucoup. Eté comme hiver il porte plein de hauts multicolores qu'il enlève les uns après les autres. Souvent il descend son pantalon pour regarder ses cuisses découpées et striées. Il occupe toutes les machines ou utilise toute la fonte. Il a sa bouteille remplie d'un liquide orangé plein d'énergie à portée de sa main.

La salle n'est jamais assez bien équipée pour lui, il manque toujours l'appareil qui aurait pu le faire progresser plus vite. Il fait peur aux débutants et les femmes le regardent avec des yeux horrifiés. Il veut être sponsorisé pour concourir sous le nom du club. Il est taciturne et se parle à lui-même. Ces déplacements se font d'un pas lourd, les bras écartés et personne n'ose le déranger. Au vestiaire il avale des pilules muticolores et boit des prots avant et après l'effort.

Il ne parle que de muscul et de lui, du dernier concours où c'était pas normal qu'il soit pas premier ! Il s'entraîne à l'instinct, c'est parce qu'il se connait bien et il est naturel, bien-sûr. Sa capacité à faire de la compétition, il la doit uniquement à son entraînement et à son régime strict qui est une alternance de gavage d'oie et de cigale ayant chanté tout l'été. Avec heureusement de la créatine parce que sans, jamais il ne pourrait continuer à progresser.

C'est celui que vous avez entendu dire :
"Je n'ai pas de programme car je hais la routine. "

Bien sûr vous allez me dire c'est un dinausore, une espèce en voie de disparition parce qu'aujourd'hui dans les salles c'est plus comme celà ! Regardez le prof de muscul déjà, il est musclé mais normal du haut de ses 1m80 pour 80 kgs pas du tout hypertrophié. Il est tout le temps en mouvement et insaisissable comme le vendeur chez Leroy Merlin. La prof de fitness, elle est même gracieusement enrobée à croire que ses séances de sueurs n'ont pas d'effet sur elle. Pourtant celà fait presque dix ans maintenant qu'elle a obtenu son diplôme d'Etat et vous l'entendez toujours dire : "Il ne faut pas soulever trop lourd ! Faites plutôt 30 reps et plus de séries, c'est comme celà que vous allez progresser."

Votre rêve à vous pratiquant de base c'est de prendre du muscle au profit de la graisse si vous êtes endomorphe ou tout simplement du muscle si vous êtes ectomorphe ou du muscle sans graisse si vous êtes mésomorphe. Bon de prendre du muscle quelque soit votre type de morphologie...

Mais qu'est-ce que vous avez prévu de faire concrètement pour réaliser votre rêve ? Quel est votre PLAN ? Celui qui va vous permettre de passer du rêve à l'action, de vous organiser après avoir défini votre ou vos objectifs. Parce que le rêve nous dit où aller et le plan comment faire. Et puis une fois que vous vous êtes demandé : "Comment je dois m'y prendre pour atteindre mon but ?" vous allez aussi savoir si vous le voulez vraiment.

Il est étonnant de voir combien nous pouvons être sérieux et professionnels dans des domaines qui ne nous intéressent pas alors que nous abandonnons facilement nos rêves pour lesquels nous restons que des amateurs. Trop de sacrifices et de privations ? Pourtant les champions ne beauçoivent pas leur vie autrement, c'est leur vie ! Certains rêverons toute leur vie en attendant que les choses se font toutes seules. D'autres brisent leur rêve parce qu'ils sont désordonnés, leur objectif est mal défini ou trop lointain.

C'est celle que vous avez entendu dire :
"Je suis motivée, je vais tout faire pour y arriver"

Tout, mais comment ? Pour arriver où ? L'intérêt d'un plan c'est de personnaliser les moyens pour arriver aux objectifs fixés à court terme : une saison. Avancer à petit pas tout en connaissant la marche suivante à franchir. Celle ou celui qui ne planifie pas manque de repères et change souvent de principe d'entraînement. En fait trop, puis pas assez suivant son humeur à l'instinct.

A titre d'exemple voilà mon plan que j'ai établi début septembre 2004

Mon rêve : Champion du Monde Master
Mon plan pour réaliser mon rêve.

Mes objectifs pour cette saison
- Concentration & intensité
- Niveau européen

Réflexion sur soi
Point faible : le régime
Point fort : l'entraînement

Mes décisions et mes contraintes pour atteindre mon objectif
- Changement d'orientation professionnelle
- Faire de la danse

Après cette première phase, il ne vous reste plus qu'à mettre en place votre plan d'entraînement et de diététique...

Yves

Champion du Monde Master après 5 années de pause n'est pour moi pas une mince affaire puisque je vais rencontrer des athlètes plus que parfaits comme Philippe EICHLER dans ma catégorie. Mais bon, je n'ai pas encore dit pour quelle année !

Mon plan pour réaliser mon rêve sera de revenir à un niveau européen d'ici fin mai 2005, ceci va m'obliger à une rigueur sans précédent dans mon régime et je compte sur ma volonté dans l'entraînement pour réussir. Cependant pour atteindre mes objectifs je vais devoir changer de métier. Cela ne sera que la 5° fois : 13 ans prof de collège, 7 ans patron de salle, 7 ans éducateur, 6 ans restaurateur et ...
Mais la pire des contraintes pour moi c'est de faire un travail en chorégraphie. Je suis depuis peu des cours de danse !

J'ai toujours aimé relevé des défis et j'ai toujours mis en place une stratégie pour réussir. C'est une manière de déplacer le problème ce n'est plus l'objectif qui est important mais la manière dont je vais procéder pour y arriver. Je concrétise et remplace l'incertitude par des actions à faire. Les compétitions futures deviennent des tests pour voir si mon plan est efficace. Je me concentre sur la manière de faire plutôt que sur le résultat souhaité. Si les résultats ne suivent pas je continue à suivre mon plan, je m'y accroche parce que je sais qu'il est bon.

En 1997 aux championnats du Monde WPF, organisés en Italie, j'étais programmé pour arriver prêt sur scène le Jour J à l'heure H. Le matin, avant de quitter la chambre d'hôtel pour rejoindre le gymnase, je demande à ma femme de me donner ses impressions. J'étais d'accord avec elle, je n'étais pas encore affuté à 100%. Minutes après minutes, je sentais mon angoisse augmenter. Pour me calmer et éviter un stress destructeur, je me suis raccroché à la stratégie générale que j'avais suivie et surtout au plan de la dernière semaine et du dernier jour. J'ai sorti ma feuille du JOUR J. Tout était écrit, je n'avais qu'à suivre à la lettre les consignes. Je savais que c'était la bonne stratégie, celle qui allait m'amener à la victoire ! Sans cette certitude j'aurai déjà cèdé la veille à la panique et aux méthodes du tout ou rien.

Vous ne savez pas ce que c'est le tout ou rien ? La veille d'un concours le compétiteur est très fragile et à tendance à faire n'importe quoi. S'il se trouve entouré d'autres compétiteurs il a tendance à imiter le plus gros. Mon ami et concurrent Franco GALINERO coatché par Jean-Luc GORRY est arrivé en 1998 à Menton pour les Championnats du Monde WPF dans une forme incroyable. J'étais prévenu depuis plus d'un mois qu'il était imbattable. La veille de l'épreuve il était clair qu'il pouvait prétendre à la première place. Malheureusement Franco n'a pas su ou pu s'empêcher de se laisser entraîner dans une boulimie de bien faire. Il dormait dans la même chambre que Jean-Luc qui participait lui aussi aux championnats en +90. Le lendemain Franco était méconnaissable et sur scène il a terminé difficilement 6°. Un plan bien structuré lui aurait permis d'arriver sur scène au mieux de sa forme, au lieu de cela aveuglé par le stress, il a suivit les dernières finitions de Jean-Luc qui avait près de 30 kgs de plus que lui.

Voilà pourquoi que plutôt de subir la peur de l'incertitude, la pression, le jugement des autres, d'avancer à l'instinct, de déprimer quand cela va mal, je prends en main mon destin. Le jugement des autres ! C'est aussi terrible qu'un coup de poignard dans le coeur... Mais avez-vous déjà remarqué la valeur subjective du jugement des autres ? Je ne parle pas de votre famille ou amis sincères mais de celui qui vous balance :
- Tu manques un peu de cuisses !
Alors que c'est votre point fort mais qu'à lui c'est son point faible... Si vous n'êtes pas solidement accroché, le doute peut vous envahir.

Une fois que vous avez compris l'importance de la mise en place d'une stratégie comprenant entre autre un plan d'entraînement et de diététique vous avez déjà fait la moitié du chemin. Il ne vous reste plus qu'à apprendre à souffrir pour obtenir du plaisir et réussir.

Yves

LA PIRE DE MES COMPETITIONS

Marly fin 1990 ou début 1991. Je crois que je préfère ne plus savoir.

En pleine prise de poids, ces fameuses périodes MASSE à tout prix ! Une horreur...

Mon objectif était de dépasser les 100kgs en 6 mois, en partant de 77kgs deux mois après les championnats de France à 73kgs. L'idée n'était pas de moi, mais d'un magazine spécialisé dans le BB. Tout d'abord une énorme prise de poids pour sècher ensuite et conserver quelques kilos de muscles à ajouter au total précédent. Moi, en toute naïveté je pensais prendre 10 kgs de muscles et pouvoir me présenter en Lourd, l'année suivante.

J'ai lu une question posée sur le forum qui répond au gavage d'oie que je me suis imposé :
" Comment faites-vous pour manger autant ???"
http://www.planetemuscle.com/phpBB2/ftopic7343.php

C'est vrai que c'est incroyable passer de 3500 cal par jour à plus de 7000 ! Pour quelqu'un comme moi qui ne suis pas spécialement un gros mangeur... Parce qu'en plus ces calories il faut qu'elles soient sélectionnées. Si ce n'était que des hamburgers(Maxi Big ...), des glaces à la crème(Miam!), des laits secoués(Milk-Shake) et des boissons gazeuses(Coca), ce serait encore possible. Mais non, il faut que ce soit les bonnes protéines : Whey, Tri, BCAA's, etc. prisent à certaines heures et surtout pas les oublier. Sinon malheur, toute une semaine d'entraînement et de progression peut être détruite si 3/4 heure avant le petit-déjeuner la Whey n'a pas été ingurgitée, alors que les derniers rots de Tri de la nuit annoncent déjà un trop plein.

En plus qu'est-ce que cela apporte comme calories ? 1600 à 2400 cal par jour et là déjà la moitié ou plus part aux toilettes ! Si tu es de bonne constitution, c'est-à-dire que tu assimiles bien. Sinon c'est en graisse que ce trop plein se stocke. Avant de chercher où cette quantité énorme de protéine va aboutir on peut calculer le volume à avaler. Celà équivaut sans les protéines en poudre à 12 oeufs, 300 gr de viande blanche, 300 gr de viande rouge et 300 gr de poisson par jour.

Bon alors puisqu'il faut un max de calories et que ce n'est pas les protéines qui vont les amener, augmentons les hydrates. Pour atteindre 7000 cal avec 1600 à 2400 cal de prot il faut 3700 à 4500 cal par jour. Donc plus de 900 à plus de 1100 gr par jour d'hydrates de carbone. Quand on sait que dans 100 gr de riz blanc cuit il y a 25 gr de glucides, cela nous amène à manger de 3,5 kg à 4,4 kg de riz par jour. Vous avez déjà mangé 350 gr de riz blanc avec 300 gr de blanc de poulet ? Dur à avaler, ça étouffe...

Heureusement il y a les lipides mais bon là il faut pas exagérer. Pas de chance quoique comme avant il faut choisir les bonnes huiles, les omégas x et y. Mais tout de même quand on sait que 100 gr d'huile d'olive cela fait presque 900 calories, on a envie de vider toute la bouteille.

Voilà donc le chemin de croix ou plutôt le gavage d'oie dans lequel on s'embarque lorsque l'on décide de passer aux choses sérieuses. Le premier mois et agréable, une pêche incroyable à l'entraînement et plein de partout. Les abdos sont encore visibles et on se dit que le mois prochain on arrivera à ajouter 2000 cal par jour et on y sera aux 7000 obligatoires. Le deuxième mois c'est l'euphorie même si les abdos ne sont plus visibles. On a atteint les 7000, on continue dans la joie de la réussite. C'est maintenant que le miracle va se produire ! La masse commence à prendre forme. Malheureusement au bout de 5 mois on ne regarde plus que ses bras pour se consoler de la bouée à la taille qui gonfle à vue d'oeil.

Bientôt je ne verrai plus mon zizi, debout, même tout nu ! Le nombre de sweets qu'on enfile pour cacher les rondeurs disgracieuses. C'est le côté féminin du bodybuildeur en prise de masse. Moi c'est à partir de là que je me suis dit cela suffit ! Afin de me motiver à sècher rapidement je me suis inscrit à un concours pour le mois suivant. Je croyais que j'avais atteint les sommets du Livre des Records de la bétise au cours de ma prise de poids mais ce que les champions ou les magazines oublient de vous dire c'est qu'il est plus dur de sècher que de prendre de la masse. Je les entends déjà me dire (les magazines), oui mais tu n'as pas bien lu ce qu'on a écrit... C'est vrai, je n'ai pas bien lu, ou pas voulu le lire. Je n'ai qu'une excuse c'est qu'au mois d'octobre le mot sèche est écrit en si petit alors que le mot MASSE lui prend toute la page.

Pourquoi au mois d'avril c'est l'inverse ? SECHE et masse...
Mais moi, je suis au mois de décembre et j'ai plus de 100 kgs !

A suivre...

SUITE DE LA PIRE DE MES COMPETITIONS

QUINTAL - GRAS = ?
J'ai dépassé le quintal et atteint le deuxième objectif inavoué de tous les bodybuilders amateurs. Le premier est incontestablement le 50 de tour de bras. A moins d'un mois du concours qu'est-ce qu'il me reste à faire ? Perdre le plus possible de graisse et le moins possible de gras. Alors allons-y avec les régimes style zéro hydrates, max de prots avec des lipides intelligents. Oui parce qu'il y a des lipides bêtes qui nous veulent du mal, ceux-là on les trouve partout et ils sont délicieux ! Les intelligents, genre oméga X, ils se font rares dans les aliments ou alors ils sont chers et introuvables. Je rappelle que nous sommes fin 1990, juste après le Moyen-Âge du bodybuilding pour moi, en pleine Renaissance...

REGIME D'ENFER
Régime type cétonique, très à la mode à cette époque :
http://www.planetemuscle.com/phpBB2/vie ... php?t=7055
Mais faut pas rêver celà ne marche pas aussi facilement, au contraire. Déjà pour le moral c'est mortel. Vous avez déjà fait trois jours sans hydrates ? Je sais ce n'est pas tout à fait sans hydrates mais voilà ce que vous pouvez manger : blancs d'oeuf le matin, viande blanche à midi & thon ou saumon le soir, repas que vous arrosez d'une cuillère à soupe d'huile spéciale, 3 à 4 protéines et des BCAA's, des vitamines & minéraux. En plus il faut s'entraîner à fond pour dépenser le plus d'énergie et le troisième jour vous avez l'impression d'être ailleurs, en tout cas plus dans votre corps. C'est le jour le plus long et le plus dur mais une fois qu'il est passé, vous êtes capable de continuer sous zéro glucides, vous êtes dans un état second...
Mais une chose dont vous pouvez être sûr c'est que vous perdez autant sinon plus de muscle que de gras. C'est le prix à payer lorsque vous utilisez des méthodes prévues pour les pros.

AEROBIE...
Des entraînements d'enfer mais aussi des séances de vélo en aérobie dès le lever et à jeûn bien-sûr. Au début c'est contraignant, je conseille de commencer cette torture 2 à 3 semaines avant le régime. Pour ne pas ajouter les douleurs aux fesses, dues au frottement de la selle, à celles multiples du régime associé aux entraînements à donf...
Le vélo, il est derrière moi et il s'ennuie depuis un long moment ! Pour ma préparation 2005 j'ai décidé de ne pas me prendre la tête. Comme d'habitude je suis en retard et je n'ai pas démarré les séances d'aérobie... Demain, c'est juré ! Parce qu'en fait non seulement on obtient de bons résultats à l'aide de ce supplice mais en plus on a la pêche toute la journée ! Mais faut pas être en plein régime cétogène.
http://www.nutri-site.com/dossiers/courrir-a-jeun.htm
Si après la lecture du document vous n'êtes pas convaincu je ne sais plus quoi faire.

NOËL 1990
Mais revenons au mois de décembre 1990, époque où je croyais encore tout possible rien qu'avec de la volonté et du courage. C'est vrai, je me disais que moi je ne me laisserai pas glisser dans la facilité des aides chimiques. Maintenant que je savais que tous mes concurrents "trichaient", je voulais être le dernier à reculer les limites de l'impossible. Je voulais atteindre mon objectif de croissance musculaire à l'aide de mon entraînement qui s'améliorait saison après saison en parallèle avec ma diététique que j'affinais entre prise de masse et sèche mais aussi avec un mental de gladiateur au milieu de l'arène. Je ne voulais pas être dans l'illégalité non seulement pénale mais morale. Quoique dans les années 90, il n'y avait pas encore cet élan naturel qui aujourd'hui à mis au monde deux races distinctes de bodybuilders. Aujourd'hui ils sont toujours aussi rares les naturels mais ils ont une fédé pour eux avec contrôle anti-dopage et ça c'est bien. Pour la petite histoire le WE dernier il y avait les premières des compétitions de la fédé naturelle et le vainqueur d'une catégorie se vante de "tourner" à l'hormone de croissance...

L'IDEE MIRACLE
Ce que je ne savais pas encore c'est qu'une fois votre maximum naturel atteint, il est impossible de prendre un seul kilo supplémentaire. J'étais arrivé à 73 kgs secs pour 172 cm, il me restait au mieux 2 à 3 kgs à prendre. C'était mal parti en cette veille de Noël !
Lever 5H15 : 45 mn de vélo, 6H00 BCAA's, 6H45 blancs d'oeuf et café, 8H00 entraînement poses imposées et posing libre... Ah oui, je vous ai pas encore parlé de cet entraînement, celui des poses. Je me suis quand même vite rendu compte sur scène de l'importance de maîtriser les figures qui nous sont demandées pour nous départager. Après les 3 à 5 premières compétitions où j'arrivais sur scène hébété de me trouver nu sur un plancher plein d'échardes, ébloui par des lumières trop fortes qui réchauffaient tant bien que mal l'air glacial, j'ai entrepris de m'exercer à poser. Parce que je le voyais bien dans les yeux des juges et j'entendais les ricanements du public lorsque j'exécutais maladroitement et souvent en retard les poses demandées dans un silence quasi religieux que je n'étais pas au point. Je me suis dit qu'il me fallait poser, poser et poser pour que cela devienne naturel et que ces mouvements bizarres coulent sur moi comme l'eau claire d'une source sur un rocher de granit !

ECHAUFFEMENT
Je commence par dix minutes d'échauffement au cours duquel j'enchaîne les poses sans aucune contraction mais de plus en plus vite pour revenir au ralenti. Je fais les poses imposées et mon posing libre, une dizaine de fois en changeant de direction par rapport aux miroirs. Oui parce que je me suis rendu compte que je suis souvent déstabilisé en entrant sur scène, j'ai du mal à m'orienter. Donc une fois cet echauffement terminé j'enlève un sweet ou deux mais je suis toujours couverts et je commence lentement les poses imposées. Tout d'abord les 4 premières en position statique : de face, profil droit, de dos et profil gauche. Ce sont les plus importantes, il faut savoir que ce sont ces quatres poses qui vont vous faire gagner ou perdre. Le juges sortent le premier, le dernier et vous mettent du côté du gagnant ou du perdant.
Attendez je vais vous les faire les poses comme en compet. Pour ceux qui savent pas comment cela fonctionne c'est le moment d'ouvrir les yeux, pour les autres cela vous rappellera de bons souvenirs.

SUR SCENE
L'entrée sur scène, très important, vous êtes de profil, le torse bombé la tête haute, le regard au loin. Arrivé à votre place pivotez gracieusement pour vous présenter de face dans une position originale qui vous met en valeur. Vous souriez au public en contractant légèrement l'ensemble du corps, vous avez le temps de dire bonjour aux juges en les saluant du regard sans insister.Vous placez votre corps parallèlement et centré au milieu de la table des juges surtout si vous êtes en bout de scène et vous vous penchez en avant. Il ne faut pas oublier qu'ils sont en bas, leur tête à la hauteur de vos mollets. C'est à ce moment que je tends l'oreille et les yeux pour lire les premières impressions des juges parce qu'ils parlent encore entre eux ! Je lis sur les lèvres, pas pour me stresser mais pour élaborer une stratégie et réussir à convaincre le ou les sceptiques s'il y en a encore...

DECONTRACTE
En 1990 ils étaient tous sceptiques quand à mon sort, ce qui me motive encore plus à être fin prêt pour ma présentation et pallier ainsi à mon manque de masse musculaire. J'aime bien cette attente et je me prépare à la première pose de face décontractée.
"Messieurs de face décontracté !"
Alors là, la bonne blague, le seul qui est décontracté c'est celui qui monte la première fois sur scène. Il comprendra mieux son erreur lorsqu'il verra les photos...

LES 4 POSES STATIQUES
Je change légèrement de position surtout pour attirer l'attention et je reste contracté. Depuis que je me suis mis de face sur scène je contracte mes muscles sans forcer mais sans relâcher non plus. J'ai un petit truc de face pour que ma taille paraisse plus fine, j'avance légèrement le pied droit et je pivote vers la droite. Pour les mollets, je sors mes pointes de pied vers l'extérieur et je relève le gros orteil. Durant les quatres poses je reste contracté parfois beaucoup trop, pour relâcher un petit peu lorsque le président des juges rappelle la consigne :
"Messieurs relâchez-vous, SVP... Profil droit !"
Je pivote lentement en bombant le torse et en contractant le triceps droit la tête haute, les jambes légèrement fléchies, les fesses sorties, le pied droit vers l'extérieur pour mettre en valeur le quadriceps, le dos sorti et l'épaule droite en arrière. Je tends mon bras droit lentement à fond et je le fait pivoter pour montrer mon triceps et je reviens, les abdos sont contractés avec une petite flexion du bassin vers le bas pour présenter les obliques. J'attends d'être de dos pour relâcher mon ventre et respirer tout en ouvrant mon dos, en sortant mes épaules et en plaçant mes bras légèrement fléchis, les poings serrés.

JEU DE RÔLE
Vous trouvez ça drôle ?
Levez-vous, non ce n'est pas la peine de vous mettre en slip ! Recommencez depuis l'arrivée sur scène, vous êtes de face et suivez mes consignes. Tout d'un coup c'est moins facile, allez continuez :
"Profil gauche !"
C'est la même chose que le droit mais attention lorsque vous pivotez pour terminer en vous remettant face au public.
"Relâchez-vous..."
Mais non surtout pas ! Faites semblant, souriez, reculez d'un demi pas, prenez une pause cool mais qui vous avantage. N'oubliez pas que les juges vous regardent et qu'ils hésitent encore. Après vous allez râler et vous demander pourquoi ils vous ont mis derrière la brêle qui ressemble à rien...
"Mesdames en place pour la première pose."
Mais oui, il y a aussi des compétitrices...

1° POSE IMPOSEE
"Double biceps !"
Alors là ne vous précipitez pas, lentement vous croisez vos mains devant votre superbe maillot de compet en contractant vos abdos et vous les décroisez mains ouvertes en les ouvrant le plus possible. Vous suivez votre main droite du regard en levant les doigts vers le ciel ou les projecteurs avant de fléchir les avant-bras sur vos bras. Attention les coudes sont légèrement plus haut que l'horizontal. Vous contractez à fond les biceps mais sans à coup, tout en descendant ce fluide jusqu'au cuisses que vous fléchissez pour mieux les tendre. C'est pas simple mais si vous êtes toujours là vous pouvez encore pivoter vos mains vers l'arrière pour faire sortir le pic du biceps. En même temps que vous faites votre contraction totale vous regardez les juges et vous souriez. Vous êtes le Maître du Monde...
Faut le faire pour y croire !

A suivre...
Yves

C'est vrai que cela remonte à loin !

Taille : 172 cm

1973 : 63 kgs sec style Bruce Lee ou deux catégories en dessous sebas
1985 : 66 kgs une catégorie en dessous de sebas
1987 : 68 kgs 1° compétition presque sebas 37/39 cm de tour de bras, 70 hors compet
1989 : 71 kgs en compet, 74 hors et 1° prise de masse +80Kgs, 38/40 cm de bras
1990 : 74 kgs en compet, 77 hors et fin d'année prise de masse +100kgs
1991 : idem sauf pas de prise de masse
1992 : idem
1993 : 77 kgs en compet, 85/87 hors, 41/43 cm de tour de bras
1994 : 79 kgs en compet, 87/90 hors
1995 : 83 kgs en compet, 90/92 hors, 43/45 cm tour de bras
1996 : 85 kgs en compet, 90/92 hors, 45/47 cm tour de bras
1997 : 87 kgs en compet, 90/92 hors, 45/47+ cm tour de bras
1998 : idem (lassitude!)
1999 : dernières compets, 90/92 hors, 47/50 cm tour de bras
2000 à 2004 pause : 94, 96, 98, 98 kgs
2005 : aujourd'hui 87 kgs, 43 cm tour de bras à froid toujours possible championnat de France WPF au mois de mai en vétéran -85 kgs

Je pense ne pas m'être trompé...
Chaque stagnation ou progression a son explication.
Yves

LE BON
Renald, prof de muscul et de fitness au club PHYSIC FORM d'Argelès, un athlète qui défi toutes les lois de la physique. Obligé que je fasse un reportage sur lui ! Il est tout simplement INCROYABLE MAIS VRAI...
LA BRUTE
Un des responsables du club municipal d'Argelès qui m'a jeté parce que j'avais invité un ami à s'entraîner avec moi. Comme quoi, je crois toujours que tout le monde il beau et gentil et de temps en temps un petit rappel à l'ordre...
LE TRUAND...

Mon entraînement, il est devenu simpliste mais hyper efficace. Je continue dans ma lancée : OPTIMISER ! Pour tous ceux qui ont participé activement à l'épopée Serge DESSEL, je les remercie pour leur courage et nos échanges sur le forum et voilà où j'en suis...

MUSCULATION
3 séances de 45 minutes par semaine : lundi, mercredi & vendredi
Circuit de 9 exercices, 1 exercice de base par groupe musculaire, 1 série par exo de 8 à 12 répétitions à la rupture.

CARDIO
3 à 4 fois par semaine 45 minutes à jeûn vers 5H00

DIETETIQUE
1. Lever : 30g Whey
2. Petit-dèj : 6 blancs d'oeuf + AA
3. 10H : 30g Tri prot + Ephédra
4. Midi : 300g blanc de poulet + salade huile d'olive + AA
5. 14H : 8g BCAA's + Ephédra
ENTRAÎNEMENT 15H
5'. 15H30 : CréaVitargo
5". 16H00 : 30g Whey
REPOS
5. 16H00 : 30g Tri Prot
6. Soir : 300g cabillaud + salade + huile olive + AA
23H00 : 30g Tri Prot

C'est ma diète actuelle que j'ai planifiée par étapes en supprimant au fur et à mesure les hydrates. Je suis donc passé de 92 kg à 89 kg en 1 mois et depuis la semaine dernière de 89 kg à 85 kg tout en gardant mon volume musculaire avec la pêche à l'entraînement. Encore 4 semaines avant mon retour à la compétition, après 6 ans de pause !

Je remercie au passage Martial ULTSCH patron de ACTIVE-POWER et Fabien GIL pour leurs conseils et leur gentillesse. Dans mes passages à vide, ils me remontent le moral et me remettent dans le droit chemin ! Pour tous ceux qui veulent progresser avec l'aide d'un coach, je ne peux que vous conseiller : Fabien GIL champion du Monde WPF.

Yves

Je fais mon retour dans le "Journal d'entraînement des membres", non pas que je n'ai pas lu avec attention et souvent admiration le récit de vos séances mais l'absence de mes écrits est tout simplement dû à ma "non participation" à la compétition du 28 mai à Saverne. C'est la première fois que je jette l'éponge surtout à 3 jours du concours.

Pris dans la tempête de mon déménagement, avec un problème énorme : le chauffeur disparait avec mon camion du 24 mai au 31 mai ! Du jamais vu, il profite de mon PL pour faire des transports personnels...
Pas de ligne téléphonique, donc pas de forum PM, le 25 en pleine décharge, au pire de mon régime, je craque et décide d'abandonner.

Le 28 mai j'étais présent dans les coulisses et au stand ACTIVE-POWER. J'ai vu la finale WPF 2005 en tant que spectateur. Une horreur ! Le niveau était tellement élevé que j'ai cru être en Italie, en 1997, à Monde WPF. Je me console en me disant que dans ma catégorie : vétérans -85kg je n'aurai pas mieux fait que 4°.

Un mois après j'ai repris du poil de la bête, je suis de nouveau à 85 kg mais des vrais que du muscle. Tous ceux qui ont fait un régime d'enfer connaissent cette période, quelques semaines après la compétition, qu'est-ce qu'on est bien, qu'est-ce qu'on est beau : INVINCIBLE !

En attendant les photos, je n'ai pas arrêté de m'entraîner et toujours sous le signe du TITAN...

OPTIMISATION DE L'ENTRAÎNEMENT

SEANCE : 1 exercice & 1 série par muscle
Echauffement cardio : 10 à 15'
Pour chaque groupe musculaire le choix de l'exercice se fait en privilégiant ceux de base.

- 2 séries d'échauffement, 30 reps avec 1' à 1'30 de pause entre les séries
- 1 série de 8 à 12 reps en allant à la rupture, pas possible de faire plus que 12 reps
CIRCUIT de 9 à 11 exos pour 9 muscles : PECS/DOS/Epaules/Biceps/Triceps/QUADRI/ISCHIOS/MolletsX2/AbdosX2
Pause entre les groupes musculaire de 5' environ (échauffement compris)
3 séances par semaine, 1 jour de pause entre chaque séance.

Source : Pascal PREVOST chercheur CNRS http://prevost.pascal.free.fr/

Vraiment bien ces récits !!!


beaucoup a apprendre de toi !!!

C'EST LA FIN !

Phase 5 : je ne sens plus rien...

Pourquoi ? Ma croissance musculaire est avant tout un phénomène nerveux qui dépend de la capacité de mon organisme à réagir à un seuil de saturation. Il ne s'agit pas de ma propre volonté à m'entraîner mais bien mais d'une adaptation de mon corps au stress de la séance.

Citation :

Résumé de ma phase 5
3 X par semaine
Séance de 45 minutes
Circuit de 10 exercices
1 exercice par muscle
1 série de 8 à 12 reps

DC : 130 kg
Rowing assis : 130 kg
DN : 70 kg
Banc L. Scott : 50 kg
DC serré : 100 kg

Relevé de buste et de jambes

Presse oblique : 320 kg
Fentes avant : 80 kg
Mollets assis : 60 kg

Depuis une semaine je ne sens plus mes séances productives. J'ai du mal à récupérer, il est tant que je change de phase pour provoquer une déstabilisation et éviter la stagnation ou la blessure.

Mais avant cela, je vais une dernière fois bousculer mes séances de la phase 5. Avec les mêmes charges utilisées pour ma série unique, je fais 8 reps strictes. Repos 15 secondes suivi d'un maximum de reps. Repos de 30 secondes suivi d'un maximum de reps pour terminer après un repos de 45 secondes et un maximum de reps. Une semaine de déstabilisation pour aller au bout de l'enfer !

Puis pause d'une à deux semaines et retour à la case départ : Phase 1.

Mi septembre 2005 je démarre ma préparation pour les championnats de France, je suis à 82kgs et je suis "sec".

Entraînement intense :
3 séances réparties sur la semaine de 45' d'un circuit composés d'une série de 8 à 12 reps pour un exercice par groupe musculaire.
Développé Couché + Rowing + Développé assis + Banc L. Scott + Développé prise serrée + Presse oblique + Fentes avant + Mollets assis + 2XAbdos

Diététique adaptée mais sans excès :
1. 30 g de Whey + 1 pomme
2. 6 blancs d'oeuf + pain complet + miel
3. 30g de Tri prot 80 + 1 pomme
4. 200g de viande rouge 5% + 150g riz + 1 C huile d'olive
5. 200g de blanc de poulet + 1 tranche de pain complet
6. 35g de Whey + 1 pomme
7. 250g de thon + sauce tomate + 1 C huile d'olive
8. 500g de fromage blanc

Suppléments :
1g Vit C + 500mg oméga 3 & 6
Avt entraînement : 10g BCAA + 50mg éphedrine + café
Pdt entraînement : 60g de Vitargo
Aps entraînement : 40g de Whey

SEPTEMBRE 2005

Hier, j'étais à Willerwald dans le club de musculation où j'ai fait une démonstration de mon entraînement et un posing...




A 8 jours de la Coupe de France, je commence à être prêt !

Début octobre 2005 je suis à 85kgs pas gras. Première mise au point avec mon nutritioniste avec comme conclusion deux points faibles à développer : épaules et ischios. Changement de programme d'entraînement, le circuit est coupé en deux, une séance le haut et l'autre le bas. Avec pour le haut les épaules en priorité et pour le bas les ischios.

Entraînement ciblé :

Séance 1 :
DC = 2 X 30 reps à 40kgs + 1 X 8 à 12 reps à 120/130kgs
Rowing assis = 2 X 30 reps à 40kgs + 1 X 8 à 12 à 130kgs
Développé assis = 1 X 30 reps à 20kgs + 1 X 8 à 12 à 80kgs + 15" de pause + 1 X 6 à 8 reps + 30" de pause + 1 X 6 reps + 45" de pause + 1X 4 à 6 reps
Banc L. Scott = 1 X 8 à 12 reps à 50kg
Développé prise serrée = 1 X 8 à 12 reps à 80kgs

Séance 2 :
Squat : 2 X 30 reps à 40kgs + 1 X 12 à 140
Presse oblique : 1 X 30 reps à 100kgs + 1 X 20 reps à +400kgs + 15" pause + 1 X 12 reps + 30" pause + 1 x 8 reps + 45" pause + 1 X 6 reps
Soulevé de terre jambes tendues : 2 X 30 reps à 20kgs + 1 X 12 à 100kgs
Fentes avant : 2 X 8 à 80kgs
Mollets assis : 1 X 60kgs
Relevé de buste & relevé de jambe = 1 X 12

Pour la diététique Christopher FERRON l'ajuste à ma personnalité et réparti mieux les apports et plus d'hydrates, tout en variant avec plus de suppléments comme la Vit E 500UI, Lecithine de soja, Magné B6 et 10gr de Glutamine après l'entraînement.

Conclusions au bout de 10 semaines : 92kgs + 4cm de tour d'épaules et + 2cm de tour de cuisses. Nouveau régime, je suis trop sec pour Christopher FERRON, donc plus d'hydrates de carbone et toujours les épaules qui s'arrondissent mais à développer ! Surprise Christopher me demande de ne faire les pectoraux qu'une fois tous les 15 jours qu'ils estime trop développés et toujours dans le souci d'améliorer mon point faible.

Depuis le 12 décembre : priorités épaules & ischios

Changement de programme d'entraînement :

Séance 1 :
Développé assis = 1 X 30 reps à 20kgs + 1 X 8 à 12 à 90kgs + 15" de pause + 1 X 6 à 8 reps + 30" de pause + 1 X 6 reps + 45" de pause + 1X 4 à 6 reps
Elévations latérales et oiseau en alterné = 3 X 6 à 8 reps à 15/20kgs sans pause
Rowing assis = 2 X 30 reps à 40kgs + 1 X 8 à 12 à 150kgs
Banc L. Scott = 1 X 8 à 12 reps à 50kg
Développé prise serrée = 1 X 8 à 12 reps à 90kgs

Séance 2 :
Fentes avant : 2 X 30 reps + 1 X 12 à 80kgs + 15" pause + 1 X 8 + 30"" pause + 1 X 6 + 45" pause + 1 X 4 à 6
Soulevé de terre jambes tendues : 1 X 30 reps à 20kgs + 1 X 12 à 100kgs
Presse oblique : 1 X 20 reps à +400kgs + 15"pause + 1 X 12 reps + 30" pause + 1 x 8 reps + 45" pause + 1 X 6 reps
Squat : 1 X 12 à 140
Mollets assis : 1 X 70kgs
Relevé de buste & relevé de jambe = 1 X 12

Diète identique = prise de masse sèche

Début février 2006

Pour mon programme diététique Christopher FERRON l'ajuste à ma préparation et à la date de mon premier concours. Moins d'hydrates de carbone bien-sûr et pas de produits lactés. Les suppléments : Vit C 1g, Vit E 500UI, Lecithine de soja, Magné B6, Oméga3 & 6 et 10gr de Glutamine avec la protéine de 16H00 et après l'entraînement.

Mesures & constats depuis mi-décembre : 92kgs + 4cm de tour d'épaules, + 1cm de tour de cuisses et -1cm de tour de taille. Sans avoir pris de gras supplémentaire, au contraire, j'ai continué ma progression aux épaules ! Résultat du changement d'entraînement pour les pecs que je n'entraîne plus qu'une fois tous les 15 jours. Je n'ai rien perdu au pecs, de la force mais pas de volume. Par contre mes épaules commencent à prendre du volume et surtout s'équilibrent, la partie postérieure est presque aussi haute que l'avant. La stratégie de Christopher commence à prendre joliment forme...

Entraînement jusqu'à fin janvier :

Séance 1 :
Développé assis = 1 X 30 reps à 20kgs + 1 X 8 à 12 à 90kgs + 15" de pause + 1 X 6 à 8 reps + 30" de pause + 1 X 6 reps + 45" de pause + 1X 4 à 6 reps
Elévations latérales et oiseau en alterné = 3 X 6 à 8 reps à 15/20kgs sans pause
Rowing assis = 2 X 30 reps à 40kgs + 1 X 8 à 12 à 150kgs
Banc L. Scott = 1 X 8 à 12 reps à 50kg
Développé prise serrée = 1 X 8 à 12 reps à 90kgs

Séance 2 :
Fentes avant : 2 X 30 reps + 1 X 12 à 80kgs + 15" pause + 1 X 8 + 30"" pause + 1 X 6 + 45" pause + 1 X 4 à 6
Soulevé de terre jambes tendues : 1 X 30 reps à 20kgs + 1 X 12 à 100kgs
Presse oblique : 1 X 20 reps à +400kgs + 15"pause + 1 X 12 reps + 30" pause + 1 x 8 reps + 45" pause + 1 X 6 reps
Squat : 1 X 12 à 140
Mollets assis : 1 X 70kgs
Relevé de buste & relevé de jambe = 1 X 12

Fin janvier 2006 = changement d'entraînement sur 4 semaines :

Semaine 1 :
2X30 reps + 3X10 à 12reps
1'30 par série

Lundi
SdT jambes tendues à 100kg
Presse oblique à 400+kg
Mollets assis à 70kg
Développé assis devant à 95kg
Rowing machine assis à 150kg
DC prise serrée à 90kg
Curl Larry SCOTT à 60kg
Relevé de buste

Mardi
Fentes avant haltères 35 à 40kg
Squat à 140kg
Mollets debout machine 125kg
Oiseau + Elévations latérales haltères 15kg
Tirage haut machine convergente 150kg
Flexions barre au front 70kg
Curl haltères assis 20 à 25kg
Relevés de jambes

Jeudi = Lundi
Vendredi = Mardi

Mardi 14 février 17H00 j'ai mal à l'épaule droite, cela devient de plus en plus difficile de lever le bras. J'avale mes 25g de BCAA en poudre mélangé dans du café, un vrai délice. 25mg d'éphedrine et encore un demi litre de café. Je prépare mon VITARGO et ma Whey post-training. Mon short, tee-shirt et mes chaussures que j'enroule dans ma serviette, je suis prêt ! Je m'allonge sur le canapé, de la techno à fond et je commence à m'entraîner : "Epaules, un bon échauffement, élévations latérales avec haltères enchainées avec oiseau, bien sentir l'arrière d'épaule, chercher à bien ralentir les descentes. Développer assis devant, une série et si tout va bien je tente 8 à 12 X 100kg, mais surtout prendre du plaisir et visualiser ! Passer directement au dos à la machine convergente tirage haut : essayer 170kg, tout dans les épaules..."

17H30 je suis à la salle, mon épaule, il faut que j'oublie mon épaule. Je suis un guerrier de la fonte ! Ca y est je suis lobotomisé, j'ai fait le tour de la salle, je n'entends plus rien, je ne vois plus rien, il n'y a que moi qui compte.

17H45 Deux séries de 20 répétitions élévations et oiseau enchaînés avec 2kg dans chaque main. Mmmmh ! Je les sens bien mes épaules, le mouvement part bien du coude, le buste légèrement incliné en avant, les mains suivent pas plus haut que les coudes, arrêt à la verticale, une petite rotation des poignets et la descente contrôlée un maximum. Pause 1'30.

Je saisi les haltères de 15kg, je crois que je peux bientôt prendre plus mais aujourd'hui je vais forcer sur la technique. 3 X 8 à 12 répétitions se suivent avec 1' de pause entre chaque série. J'enchaîne les élévations et oiseau avec aisance et je sens mes épaules gonfler. La douleur a disparu, je sais que dans quelques heures j'aurai à nouveau mal mais là je me sens bien.

17H52 Deux séries d'échauffement barre à vide et je charge 100kg au total. J'ai besoin de quelqu'un pour sortir la barre, bon la salle est pleine, je n'ai que l'embarras du choix. Je suis bien concentré, première répétition, la descente est pas facile et je vais très lentement, pas trop bas. Je remonte et deuxième descente toujours aussi lente mais plus bas, je commence à bien sentir le mouvement dans mon épaule. Troisième répétition, descente lente, devant les yeux, je remonte et mes épaules supportent la tension. Mentalement je suis très fort, je vais aller jusqu'à la 12° ! A dix je pose la barre, mes épaules sont tellement congestionnées que je ne peux plus bouger. Je regarde dans le miroir, de face, de profil, les trois faisceaux sont presque identiques, un superbe volume. Je mesure les progrès que j'ai fait depuis trois mois ! Merci Christopher...

17H55Tirage haut à la machine convergente échauffement à 40kg 2 séries de 30 répétitions. Je charge 170kg, je les sens bien, je suis concentré avec des sensations pas possible aux épaules. Je tire un peu trop fort, une douleur me descend de l'extérieur de l'épaule dans le biceps jusqu'à l'avant-bras. Je m'en fous, je me concentre sur les épaules mais chaque répétition est douloureuse, je m'arrête à la 8° répétition. Je touche mon biceps, la douleur est violente. J'arrête là avec le haut du corps... Je suis pas content de moi !

18H02Je charge la barre pour les soulevés de terre jambes tendues et je fais mes deux séries de 30 reps à 30kg. Mon bras droit me fait mal et l'épaule tirée par la barre, horrible...
100kg je fais ma série de soulevé de terre jambes tendues en pensant uniquement aux ischios. Pointe des pieds relevées, je tends mon fessier en arrière, le mouvement doit se faire uniquement autour de l'axe des hanches. Ne pas tirer avec les épaules, bien se laisser descendre malheureusement au bout de 12 répétitions je cède sous la pression de mon épaule douloureuse. Cela ne me suffit pas, je ne sens pas mes ischios ! Une minute de pause et je repars pour une série que je veux plus concentrée. Voilà je suis dans mes ischios ! Encore une série...

18H10 Mollets assis, je charge à 80kg et c'est parti pour une série de 12 répétitions. J'ai de bonnes sensations aux mollets mais peu de résultats, il faut que je me penche sur ce problème avant la fin du mois.

18H13Abdos relevé de buste 12 répétitons en contraction maximum et étirement le plus lentement possible. Une minute de pause et relevé de jambes sur le même principe. J'ai souvent des crampes aux abdos après mes deux séries !

18H15 FIN

Durée de la séance : 30 minutes
Je n'ai pas pu faire biceps et triceps...[/quote]

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mardi 28 février 2006

team active-power a écrit:

Bonjour,

Suite à un coup de fil de son épouse, j'ai appris ce matin que Yves se trouvait à l'hôpital suite à une rupture du tendon du biceps droit.

Il doit se faire opérer, demain, 1er mars. Nous lui souhaitons bon courage et prompt rétablissement.

Il doit malheureusement faire une croix sur le Top de Colmar ainsi que la demi-finale Nord IFBB qui devait avoir lieu en Bretagne le 09 04 06, lui qui était dans une forme éclatante à près de 90 kg !

Il sera, normalement, sur le stand de Active Power au Top de Colmar pour faire profiter de ses conseils à tous ceux qui voudront bien les écouter.

A bientôt Yves et soigne toi bien !!!

Team Active Power

lundi 06 mars 2006

Merci pour vos encouragements et aujourd'hui, 7 jours après mon accident, je vais retourner m'entraîner au club. Vous vous doutez bien qu'il s'agit d'une séance de cuisses.

J'ai été opéré mercredi matin et tout c'est bien déroulé, mon tendon est raccroché. J'ai le bras tout bleu et gonflé, interdiction de bouger le bras qui est sous attelles durant 45 jours.

Terminé le championnat de France prévu début avril mais si je mets en place une stratégie adaptée, je pense participer fin mai à un autre championnat... J'ai eu une semaine pour réfléchir !

jeudi 09 mars 2006

Je vais continuer la suite de ma préparation sur ce sujet...

Lundi, j'ai fait ma première séance post opératoire : CUISSES. Obligatoire, je peux à peine bouger le haut droit et de toute façon j'ai le bras dans une attelle bloqué contre le buste.
Pas facile de se mettre dans la presse oblique et surtout pas facile de forcer. Je suis arrivé après deux séries d'échauffement à faire trois séries de 15 à 20 reps à 280kg...
Trois séries de curl extenion assis, je suis vidé ! Je m'arrête, j'ai déjà eu du mal à convaincre le patron de la salle à me laisser m'entraîner !

Mercredi, deuxième séance, je suis fatigué et je vais essayer l'entraînement vu avec Michael LOUVEL champion de France handisport pour la pertie haute de mon corps.
Rowing assis un bras, le gauche bien-sûr ! 3X 45kg en contractions avec l'ensemble du dos en me concentrant sur la partie droite.
Développé horizontal bras gauche 3X 40kg contraction maximum du pec droit.
Dévelopé assis barre guidé bras gauche 3X barre à vide !

Pas facile cet entraînement, problème d'équilibre et concentration optimale rendent la séance difficile. Mais de bonne sensations et une congestion maximum à gauche et pas mal, pas mal à droite ! Merci Michael.

Je continue avec curl assis 3 séries suivies du hack squat bien à fond 3X et je termine avec les abdos...


Mercredi 01 mars après l'opération, encore dans le brouillard !


Jeudi 02 mars prêt à sortir de l'hôpital mais encore accroché aux perfusions...


Vendredi 10 mars, 3° entraînement de la semaine, pas facile !

Gasser Yves a écrit:

Je viens de faire une mauvaise manipulation, de mémoire je remets le texte de LINX

A la lecture des douleurs je me doutais de la suite catastrophe !
J'aime bien ton physique massif, c'est vers ce style que je m'oriente. Au fait qu'est devenue ta salle ?
Te fournis-tu toujours chez Active-Power ?

Gasser Yves a écrit:

Bien-sûr que j'aurai dû m'en douter d'autant plus que ce n'était pas la première alerte. Le jour de la déchirure par contre je n'ai rien senti, j'avais terminé ma séance dos sur la machine convergente rowing en tirage unilatéral, à des charges de fou ! Je range les disques par 2X20kg, je rate la tige et en remontant à la force du biceps droit, en même temps que j'entends un bruit de braguette qu'on ouvre, je sens une légère douleur dans mon biceps droit que je vois remonter vers l'épaule !

Pour mon physique c'est un long travail parce que je ne suis pas gâté par la génétique et je regrette d'avoir tourné en rond et perdu du temps durant les 15 premières années d'entraînement. Ma salle a été mise en liquidation judiciaire, j'ai tout perdu, ma maison, l'immeuble où était la salle, tous mes biens. Ma première femme ! La faillite totale...
En échange, j'ai rencontré ma femme actuelle et nous avons fêté nos 20 années de bonheur. J'ai aussi gardé beaucoup d'amis.

Je ne me fournis plus chez Active-Power, c'est une marque sérieuse et de qualité. Le patron est un ami que je respecte beaucoup et après une pause de deux ans de diète et de training, je pense le retrouver au Top de Colmar.

LA VERITE, TOUTE LA VERITE SUR LA RENCONTRE DU 10 JUILLET 2010

Nancy est une belle ville de Lorraine, préfecture de Meurthe et Moselle, avec sa place Stanislas considérée comme la plus belle place royale d’Europe, joyau de l’ensemble architectural du XVIIIème siècle, inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO. La place Stanislas a permis à Nancy de rayonner dans le monde entier…
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C’est sur le quai de la gare que je me rends compte que notre rencontre va être sous le signe de la torpeur tropicale. Mon portable, premier coup de fil à ma femme pour la rassurer et lui dire que tout va bien. Nancy n’évoque pour moi, pas de grand souvenirs de compétition. Un vague concours en discothèque et un autre sans conséquence dans un gymnase glacial. Mais je n’ai pas le temps de me plonger dans mes souvenirs de papy de la musculation, j’aperçois en sortant du hall de gare, Christian qui me fait des signes derrière sa « Porche ». Première poignée de main virile, premières paroles au parfum belge et beaucoup de bonne humeur.

La Belgique est la rencontre des cultures germanique et romane. Les trois langues officielles sont le néerlandais, le français et l’allemand. Parmi les différentes régions, seule Bruxelles la capitale, 10% de la population, est bilingue. La région flamande, 58% de la population, au nord-est, est néerlandophone. La région wallonne, celle de Christian et plus 32% de la population, située au sud-est, est francophone. Des minorités linguistiques sont présentes dans les régions unilingues, leurs importances respectives ne peuvent être qu'estimées, les recensements linguistiques étant interdits par la loi en Belgique. À côté des langues officielles, sont parlées des langues régionales endogènes ou des dialectes. Il s’agit du brabançon, du champenois, du flamand occidental, flamand oriental, du francique ripuaire, du limbourgeois, du lorrain, du luxembourgeois, du picard et du wallon. La diversité linguistique provoque souvent des conflits politiques, liés à d’autres enjeux (la position arithmétiquement minoritaire des francophones, celle, plus socioculturelle de la langue néerlandaise au départ, la francisation de Bruxelles, la politique étrangère de l’entre-deux-guerres, les problèmes économiques wallons, surtout à partir des années 1960, etc.), qui ont engendré un système de gouvernance complexe…
Wipikédia.

L’arrivée d’Éric, cheveux au vent et tout bronzé, nous précipite dans la voiture à la quête d’un peu de fraîcheur. Une fois les premières civilités passées, je tiens le crachoir, ne le lâchant que quelques fractions de secondes, c’est une habitude que j’ai prise une fois le demi siècle passé. A peine le temps de raconter quelques anecdotes du genre ma rencontre avec le premier bodybuilder pro, Lee Labrada en 1987 au concours de Sarreguemines que nous voilà arrivés à destination.
En novembre 1987, je coachais Charles, surnommé « double biceps » et dans les vestiaires j’attendais le passage de sa catégorie. A côté de moi se tenait tout sourire un petit bonhomme moustachu avec des lunettes aux verres épais. Je n’ai pas eu le temps d’avoir plus de compassion devant sa myopie extrême, en observant ses avant-bras gigantesques qui dépassaient de son sweet-shirt et sa compagne une belle et plantureuse andalouse ou brésilienne. Une demi-heure passe, c’est long l’attente dans les vestiaires, Charles commence à montrer des signes de fatigue, il veut rentrer chez lui, gagné par la panique qui se traduit souvent par des phrases du genre :
« T’as vu celui-là ! Merde les bras qu’il a… »
Moi, je le rassure en lui confirmant qu’il est le plus beau à part les pros Bertil FOX et Lee LABRADA qui vont faire une démo ce soir. Ils viennent direct d’Olympia, où Lee à pris la 3° place devançant Bertil 6°.

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http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.muscle-build.com/images/bertil-fox.jpg&imgrefurl=http://www.muscle-build.com/bertil-fox.html&h=648&w=325&sz=44&tbnid=fpvo9w50PE6lVM:&tbnh=137&tbnw=69&prev=/images%3Fq%3Dbertil%2Bfox&usg=__qWgOPHAeZSyCpKirVJGlIeWvDus=&sa=X&ei=7EI9TNTAHJqTOOvkqYYP&ved=0CB4Q9QEwAQ

C’est à ce moment que je me dis : « Mais le gars à côté de moi avec ses grosses binocles et ses énormes avant-bras, c’est Lee Labrada ! » Je suis vraiment con, ½ heure à côté de Monsieur Symétrie et je ne le reconnais pas. Je me tourne alors vers lui, en bafouillant : Lee Labrada… Il me serre la main et c’est la ruée dans le vestiaire, tout le monde veut le toucher, lui parler. D’un geste olympien, il calme ses fans et nous gratifie d’un posing d’enfer, sa spécialité. Lee Labrada rien que pour nous ! Le rêve… J’ai appris plus tard de la bouche des organisateurs qu’il a fallu isoler Lee de Bertil Fox qui n’avait pas admis qu’un moins de 80 kgs passe devant lui a Olympia. Le mauvais caractère de Bertil Fox était connu de tous et lorsque Charles après la compétition avait décidé de se faire prendre en photo « sauvage » à côté de son idole Bertil « Monsieur Trapèzes » et que c’est moi qui devait immortaliser ce moment, j’ai eu quelques remontées de sueur. Je me vois encore au bout du couloir sombre, Charles à la sortie du vestiaire, Bertil Fox qui en sort, suivit de son coach.Arrivé à 5 mètres de moi, Charles saisit la main de Bertil qui le regarde avec haine. Le flash, Bertil me regarde, Charles comprend qu’il a commis un sacrilège et se précipite dans ma direction, nous détalons sous les insultes du bodybuilder le plus massif de son époque. Le roi de la pose du Plus Musclé, a tout même terminé quelques années plus tard en prison, inculpé d’un double meurtre…

Nous voilà à Beaune et la gentille dame qui nous a accompagnés de sa voix depuis Nancy, nous signale qu’elle allait prendre congé de nous. C’est en sortant de la voiture sous la canicule que je découvre que le lieu de la rencontre du forum Power and Strength n’était ni plus ni moins la caserne de la gendarmerie de Beaune.