Contaminants dans le poisson: quels sont les risques?

Le poisson suscite un engouement croissant auprès de consommateurs de mieux en mieux informés qui dorénavant le considèrent comme un aliment sain. Il représente une source précieuse de protéines de haute qualité, de minéraux et de vitamines. En outre, les poissons gras sont riches en acides gras poly-insaturés (AGPI) omega-3, dont les effets bénéfiques sur la santé sont largement reconnus. Récemment, la confiance du public a été érodée par un rapport soulignant les risques associés à une exposition aux contaminants environnementaux, tels que le mercure et les dioxines, dont on sait qu’ils s’accumulent dans le poisson. Toutefois, l’ensemble des données disponibles et l’interprétation des autorités compétentes indiquent que les quantités de contaminants que l’on trouve dans le poisson sont nettement inférieures aux taux présentant un réel danger.

Le mercure
Le mercure est un élément d’origine naturelle, dont la présence dans l’environnement résulte soit de phénomènes naturels, soit de la pollution industrielle. Dans l’eau, l’action microbienne transforme le mercure en méthyl - mercure, une forme plus toxique qui s’accumule dans les tissus. Les organismes aquatiques absorbent le méthyl - mercure par l’intermédiaire de l’eau et de leur alimentation et l’on en trouve à l’état de traces dans la plupart des poissons. Cependant, les espèces qui se situent à la fin de la chaîne alimentaire, comme les requins, les espadons, certaines espèces de thons de grande taille, etc., peuvent en accumuler des quantités plus importantes car ils se nourrissent d’autres poissons. D’une façon générale, plus le poisson est gros et plus il est âgé, plus la teneur en méthyl - mercure est élevée.

Bien que les quantités retrouvées dans la plupart des espèces consommées ne présentent pas de risque pour la santé humaine, la limite de sécurité peut être franchie en cas de consommation de grands prédateurs. Il est recommandé aux enfants, aux femmes enceintes, aux femmes qui allaitent ou qui souhaitent débuter une grossesse dans l’année à venir, d’éviter de consommer du requin, de l’espadon et des espèces semblables.

Les dioxines et les PCB (polychlorobiphényls)
Les dioxines et les PCB , assimilables à des dioxines, sont des polluants industriels très répandus qui persistent dans l’environnement. Des contrôles plus stricts de leur production ont permis un recul régulier des quantités observées au cours des vingt dernières années.

Une exposition chronique à des taux élevés de dioxines et de PCB peut avoir des effets nocifs sur la santé humaine, mais le risque est négligeable si la consommation reste en deçà d’un seuil critique. L’évaluation de ces risques revient à des organismes tels que l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) et aux autorités nationales chargées de la sécurité alimentaire, qui émettent en toute indépendance des recommandations concernant les questions de sécurité alimentaire, après avoir consulté toute une série d’organismes et de comités spécialisés. Ces autorités établissent des recommandations qu’elles révisent en permanence et qui permettent aux consommateurs de profiter des bienfaits de tel ou tel produit dans des limites de consommation garantissant l’absence de danger.

Au début de l’année, la publication d’une étude réalisée par des chercheurs américains, suggérant que les quantités de polluants organiques présentes dans le saumon d’élevage pourraient être dangereuses pour la santé, a fait naître des craintes au sein du public. Les conseils donnés par les auteurs de consommer moins d’une demi-portion de saumon d’élevage (provenant de zones spécifiques) par mois étaient en contradiction directe avec les recommandations des autorités alimentaires de consommer une portion de poisson gras par semaine. Cependant, cette étude n’apportait pas d’éléments nouveaux, car les quantités de contaminants étaient comparables à celles précédemment observées dans des études de moindre envergure et ne dépassaient pas les quantités recommandées par les différents pays pour éviter tout danger. Cette contradiction est apparue car les auteurs se sont appuyés sur une méthode d’analyse des risques qui n’est pas reconnue au niveau international par les toxicologues et les autres spécialistes de la sécurité alimentaire. Selon les autorités européennes et américaines chargées de la sécurité alimentaire, cette étude n’a pas soulevé de nouvelles inquiétudes concernant la santé et la consommation d’une portion de saumon d’élevage par semaine ne présente toujours aucun danger.

Risques et effets bénéfiques
Tout risque potentiel associé à la consommation de poisson peut être minimisé par le respect des recommandations officielles. Ce risque est largement compensé par les effets bénéfiques sur la santé. Il existe des preuves de plus en plus nombreuses que les AGPI omega-3, que l’on trouve dans les poissons gras, peuvent réduire le risque de handicap et de décès dus à une affection coronarienne et de leur rôle bénéfique dans les états inflammatoires comme l’arthrite, ainsi que dans la prévention de certains cancers. Le consommateur doit fonder sa décision d’inclure ou non tel ou tel produit dans son régime alimentaire sur des données scientifiques et non pas sur les grands titres de l’actualité.