Quels sont les effets sur le cerveau ?Notre cerveau ne contient pas physiologiquement de nicotine, mais il possède en grand nombre des récepteurs sur lesquels elle peut venir se fixer, les récepteurs nicotiniques. Le fait de fumer augmente le nombre de récepteurs nicotiniques. Chez le fumeur il est augmenté de 50 % par rapport aux non-fumeurs.
Ces récepteurs sont des glycoprotéines transmembranaires constituées de plusieurs sous-unités limitant un canal ionique. Lorsque la nicotine se lie au récepteur, celui-ci change de conformation, ce qui ouvre le canal, le sodium rentre dans la cellule, provoque une dépolarisation. Le courant sodium produit ensuite l'ouverture des canaux calciques d'où augmentation de l'activité neuronale et facilitation de la libération de Dopamine.
La fumée inhalée va passer des alvéoles pulmonaires à la circulation sanguine par les capillaires pulmonaires. Cette surface d'échange est extrêmement active puisque, à chaque minute, la totalité du volume sanguin du corps humain passe par ces vaisseaux. La nicotine va ainsi parvenir au cerveau dans un délai très rapide de 9 à 19 secondes, plus bref qu'avec une injection intraveineuse. Lors du renouvellement des bouffées la concentration sanguine en nicotine s'élève rapidement et culmine (après 10 minutes) lorsque le fumeur éteint sa cigarette, provoquant un effet "flash" (ou un effet de "shoot"). C'est précisément cette rapidité de diffusion qui explique pourquoi la cigarette a supplanté les autres modes d'administration (prise, chique).
Comme la nicotine est rapidement éliminée de l'organisme (en moyenne, 50% de la nicotine est éliminée en 2 heures) le fumeur doit fumer fréquemment au cours de la journée.
La nicotine est métabolisée principalement par le foie (un peu également dans poumon et rein)
Pour 74% elle est oxydée en N'-oxyde de nicotine 4%
et en cotinine par les Cytochromes P-450 2A6 : 49%
L'excrétion est rénale
nicotine libre 5 à 10%
cotinine libre 20%
trans-3'-hydroxycotinine 80% après métabolisation hépatique de la cotinine
Une fois dans le cerveau, la nicotine se fixe sur les récepteurs nicotiniques présents sur les neurones à dopamine de l'aire tegmentale ventrale (récepteurs alpha4, Bêta2 situés sur les membranes somatodendritiques de l'ATV et récepteurs alpha7 situés sur les terminaisons Glutamaergiques des neurones qui projettent sur l'ATV), du noyau accumbens et de l'amygdale. Tous les produits qui entraînent une dépendance (héroïne, cocaïne, tabac...) augmente la libération de dopamine dans le noyau accumbens. Ces structures, reliées entre elles forment le circuit de la récompense. Le circuit de la récompense définit à chaque instant l'état de satisfaction physique et psychique de l'individu. Les étapes du circuit sont la satisfaction, la récompense et, éventuellement la dépendance. Les neurones qui innervent ces structures, à partir de l'aire tegmentale ventrale, utilisent comme neurotransmetteur la dopamine. Les informations issues de l'environnement extérieur sont traitées par l'une de ces structures avant d'être dirigées vers l'hypothalamus et le cortex préfrontal. Les modulations de la libération de dopamine dans le noyau accumbens induite par la nicotine conduisent au maintient du comportement d'auto-administration.
Il faut toutefois préciser que les effets de la nicotine sur la transmission dopaminergique du noyau accumbens sont faibles comparés à ceux de la cocaïne et des amphétamines. Ceci suggère que les effets primaires de la nicotine ne suffisent pas à expliquer la dépendance au tabac (la dépendance au tabac est forte mais la nicotine a un effet renforçant assez faible). Il est possible que la dépendance résulte d'autres alcaloïdes encore mal connus et des effets sensoriels (chaleur, odeur, vue). A coté des renforceurs (événements qui favorisent le comportement) positifs (plaisir, amélioration des performances...) ou négatifs (qui font céder des symptômes de manque, une douleur morale ou psychique) la dépendance à la nicotine s'explique également par les renforceurs secondaires par l'apprentissage et une sensibilisation. Ces deux phénomènes, ainsi que la tolérance, sont liés à des remaniements plastiques du système nerveux central qui
résultent de modifications de l'expression génique (les ARNm codant pour la tyrosine hydroxylase sont augmentés)
se traduisent par une modification de l'efficacité de la transmission synaptique (facilité pour le renforcement secondaire et la sensibilisation, inhibé pour la tolérance)
et perdurent longtemps, assez longtemps pour provoquer des rechutes après de longue période d'abstinence.
La modification de l'expression génique résulte de la stimulation prolongée des récepteurs.
Conséquences pour le traitement de la dépendance : il faut agir d'une part sur les renforceurs (positifs et négatifs) avec un traitement pharmacologique et d'autre part sur les processus plastiques avec un traitement cognitivo-comportemental.
Un phénomène de tolérance existe: les effets de la nicotine diminuent avec la répétition de doses. Cependant cette tolérance disparaît pendant la nuit et le matin les récepteurs nicotiniques retrouvent leur sensibilité. De ce fait le rythme d'alternance jour/nuit entretient parfaitement la dépendance.
Il est évident que la nicotine provoque une amélioration de l'attention, de l'apprentissage, du temps de réaction, de la résolution de problème. Toutefois il est n'est pas parfaitement établit si l'amélioration de ces performances est due au soulagement des symptômes d'abstinence ou un effet direct primaire sur le cerveau.
Quels sont les autres effets du tabac ?Le poids corporel des fumeurs est inférieur de 3 à 5 kg par rapport au non fumeur.
La nicotine est la grande responsable par Augmentation de la dépenses énergétique. Les dépenses énergétiques de repos sont augmentées de 6% dans les deux heures qui suivent la consommation d'une cigarette. Augmentation de 12 % des dépenses à l'exercice. Pas de tolérance.
Modification du métabolisme lipidique. l'activation sympathique favorise la mobilisation des réserves adipeuses
l'inhibition de la sécrétion d'insuline freine la lipogénèse
Diminution de la prise alimentaire qui résulte des deux phénomènes précédents plus l'effet hyperglycémique de la nicotine.
Ensuite le fumeur maintient son sous poids car la diminution de la masse grasse entraîne une diminution de sécrétion de leptine (hormone secrétée par l'adipocyte, corrélée à la masse grasse, participant au rétrocontrôle hypothalamique de la prise alimentaire et des dépenses énergétiques) ce qui provoque une augmentation de la prise alimentaire et une diminution des dépenses énergétiques.
Système endocrinienLa nicotine augmente la sécrétion de nombreuses hormones : catécholamine, ACTH, Beta-endorphine, prolactine, hormone de croissance, vasopressine et neurophysine I.
La nicotine, la cotinine et l'anabasine sont responsables d'une augmentation de testostérone chez la femme par diminution de la conversion de testostérone en oestrogène en inhibant une aromatase. Cette action est responsable de la gravité de la voix des fumeuses, de l'augmentation de la pilosité, de la ménopause précoce et du risque accru d'ostéoporose.
La nicotine agit au niveau hypophysaire sur la sécrétion de propiomélanocortine qui est le précurseur de ACTH, LPH et Bêta endorphine. L'ACTH stimule la sécrétion cortico surrénalienne d'androgènes et de cortisol via les 11 Bêta et 21 hydroxylases. La 21 hydroxylase est bloquée par la nicotine, la cotinine et l'anabasine ce qui induit une augmentation des androgènes.
Tabac et glucose-Il existe une résistance à l'insuline chez le fumeur. L'insulinémie et le peptide C sont plus élevés, la réponse insulinique à la charge en glucose est plus forte que chez le non fumeur.
-Il existe une similitude entre tabagisme et comportement alimentaire. Faim d'une cigarette. Cigarette coupe faim
-Similitude des manifestations de sevrage tabagique et hypoglycémie
-Amélioration des performances cognitives par augmentation du glucose cérébral par le tabac.
-Les fumeurs ont une glycémie nettement plus basse que les ex-fumeurs. Mais la fumée diminue-t-il la glycémie ou une glycémie élevée permet-elle aide-t-elle à devenir ex-fumeur, au moins chez certains ? Faut-il essayer d'élever la glycémie lors du sevrage. C'est peut être par ce biais qu'agit la nicotine. Il ne faut donc surtout pas interdire le café. Les hommes maigres pourraient prendre une tablette de glucose avant le lever et le déjeuner pour éviter l'hyperinsulinisme pré absorptive.
-La nicotine élève rapidement la glycémie.
-La nicotine stimule les récepteurs cholinergiques nicotiniques des neurones post ganglionnaires sympathiques de la chaîne sympathique. Les fibres post ganglionnaires des nerfs glucosecréteurs libèrent de la noradrénaline au contact des hépatocytes qui fabriquent très rapidement du glucose à partir du glycogène.
Sur le coeur et les vaisseauxChez le non fumeur la nicotine provoque accélération du rythme cardiaque, du débit cardiaque, de la tension artérielle, une vasoconstriction artérielle et veineuse. Ces manifestations sont dues à la libération surrénalienne d'amines vasopressives et de la stimulation du système sympathique.
L'exposition chronique à la nicotine ne s'accompagne pas d'effet en raison de la tolérance
Sur le muscleEffet myorelaxant par stimulation des neurones de Renshaw
Sur les intestinsla nicotine relâche le muscle gastrique et ralentit la vidange gastrique, inhibe les secrétions acides.
Tabac et génétiqueLes différents composés du tabac sont pris en charge grâce à de multiples gènes : pour le transport, le métabolisme, l'élimination, l'absorption. certains sont utilisés comme carburant d'autres sont intégrés aux structures cellulaires, d'autres sont rejetés.
Pour la nicotine, 80% du métabolisme est réalisé par le CYTP2A6. Les métaboliseurs lents, fument moins, ont moins de cancers du poumon, s'arrêtent plus facilement. Malgré tout le rôle protecteur du manque de CYTP2A6 n'a pas encore été démontré.
Des études d'association ont montré l'implication de gènes dans les différents mécanismes de l'addiction : récepteurs dopaminergiques, noradrénergiques, sérotoninergiques, opioïdes, cannabinoïdes.
-Les composés du tabac sont capables d'induire des mutations de l'ADN
-Le tabac est capable de modifier les réseaux de gènes
Actions Sur le métabolisme des médicamentsLa pharmacocinétique dépend -de l'absorption (pH, vidange gastrique)
-de la diffusion (volume de distribution, protéines plasmatiques, débit sanguin)
-du métabolisme (cytochrome P450, glucuroconjugaison)
-de l'élimination (réabsorption rénale, débit urinaire)
Le tabac agit par-Hydrocarbures aromatiques polycycliques
-induction enzymatique Cyt 1A1 (subst pro-carcinogènes)
-Cyt 2A1 (théophylline, caféine)
-Cyt 2E1 (paracétamol)
-UDP (propanolol, nicotine)
-CO
-inhibiteur enzymatique 2D6?
-Nicotine
-auto inducteur 2A6
-Métaux lourds
-Inhibiteurs enzymatiques 2E1
Interaction médicamenteuses Théophyllines : demie vie plus courte, élimination plus rapide, doses 30 à 50% sup
Héparine : demie vie plus courte
psychotrope : benzodiazépines et antidépresseur RAS, adaptation parfois nécessaire pour certains neuroleptiques
anti-ulcéreux: pharmacodynamie : la nicotine induit une secrétions gastriques acides. Augmentation des doses nécessaire
antalgiques : doses plus importantes nécessaires
bêtabloquants : action hypertensive du tabac et élimination plus rapide des médicaments.
caféine : demie vie plus courte
insuline : vasoconstriction cutanée